Lorsque vous venez sur ce site, plusieurs questions se posent :
- L’auteur est-il qualifié pour nous parler d’amélioration thermique ?
- Les logements basse-consommation, est-ce que ça marche vraiment ?
Afin d’être clair sur ce sujet, je vous dévoile ici mon logement.
Depuis septembre 2010, je vis avec ma famille dans une maison passive. Autrement dit, nous sommes allés au-delà de la basse consommation* !
* La basse consommation au sens français demande une consommation inférieure à 50 kWhep/an.m² de SHON pour les usages suivants : chauffage + ventilation + eau chaud sanitaire + climatisation + éclairage.
La maison passive est une norme Allemande qui demande 15 kWh/an.m² habitable (soit moins que la SHON) pour le chauffage et 120 kWh/an.m² habitable tous compris.
Difficile de comparer les 2 qui ne sont pas basés sur les mêmes critères. Pour ma part, je suis actuellement à 50 kWh/an.m² tous compris.
Cette maison nous satisfait au-delà de nos espérances :
- Les consommations électriques sont minimes (25 €/mois) pour une maison de 160 m².
- Le confort est très supérieur à ce qu’on trouve habituellement dans une maison.
Vous pouvez suivre chaque mois les consommations de la maison ici !
Comment en est on arrivé là ? Voici l’histoire de ce projet !
Une passion de jeunesse
Ma motivation sur les problématiques énergétiques remonte déjà à l’époque de mon enfance. Je ne saurais pas dire de quand elle date exactement, car j’ai l’impression de l’avoir toujours eue en moi. Un de mes rêves d’enfant était par exemple d’habiter plus tard dans un logement à la pointe dans le domaine.
Dans les années 90, personne n’en parlait en France (ou presque) et il m’était extrêmement difficile de trouver de l’information. De plus l’absence d’internet rendait les choses compliquées (on a oublié que la préhistoire d’internet c’était il y a 15 ans) !
De très longues recherches
A 22 ans, jeune travailleur et fraîchement en couple, les projets de vie ont commencé à fleurir : professionnels, familiaux et… Maison !
L’idée de départ : sortir du cadre du pavillon classique pour s’orienter vers de la basse consommation ! Nous sommes en 2004, en France, la RT 2005 n’existe pas encore…
Résultat des 1ères recherches :
- Vide
- Néant
- Rien
Enfin, pas tout à fait.
Mon épouse et moi avons tous les deux reçu une formation scientifique, donc nous avions déjà trois idées principales sur le sujet :
- Pour arriver à réduire les consommations, cela va de soi, il faut en premier lieu penser « isolation ».
- D’autre part, pour améliorer l’efficacité énergétique d’un bâtiment, le rapport entre la surface des murs et la surface habitable doit être le plus faible possible. Deux formes s’imposaient alors : la demi-sphère, très efficace pour sa faible surface de contact avec l’extérieur mais très originale sur le design. La forme cubique, plus classique mais moins compacte.
- Enfin, l’orientation de la maison doit être optimale par rapport à la course du soleil.
Dans un premier temps, nous avons été particulièrement emballés en voyant à la télévision un reportage sur le Domespace. Ce concept de maison basse consommation en demi-sphère qui peut tourner avec le soleil correspondait à nos critères. Nos idées étaient donc réalisables !
Nous avons commencé à nous documenter sérieusement sur le sujet.
Nous avons ensuite multiplié les recherches :
- Internet
- Revues et les livres spécialisés sur le sujet
- Espaces Info Energie
- ADEME.
Dans un magazine spécialisé, Futur-e-Maison.com, nous sommes tombés sur un article au sujet des maisons passives. Comme l’efficacité énergétique était notre principal centre d’intérêt, nous avons décidé de nous orienter vers ce type de maison.
La concrétisation du projet
Ayant trouvé le terrain qui convenait (bonne exposition sud, proximité de Rouen, surface suffisante et à la campagne), nous nous sommes orientés sur trois axes :
- La conception de la maison : c’est-à-dire la mise en œuvre tout ce que nous avions appris sur les maisons passives : compacité, orientation, larges ouvertures et pièces à vivre au sud, autres pièces en tampon côté nord. Lister les nécessités en matière d’isolation, de structures porteuses, de vitrage, de ventilation, d’eau chaude sanitaire…
- L’urbanisme local : nous avons travaillé avec la mairie, les services de l’urbanisme et le Parc Naturel Régional des Boucles de la Seine Normande dans le but de cadrer correctement leur projet avec les lois d’urbanisme locales.
- La recherche de professionnels pour construire la maison.
Sur ce dernier point, nous avons rencontré des difficultés. Après une longue prospection, nous n’avions que deux entreprises qui se disaient capables de faire une maison passive dans notre région : « les Airelles » à Gaillefontaine et « Logiconfor » à Paris.
Nous avons d’abord retenu « Logiconfor » pour réaliser le projet. Malheureusement, si « Logiconfor » paraissait sérieux et compétent, dans les faits que ce n’était qu’une apparence. Nous avons payé 10 000 € pour une étude thermique très insuffisante.
Finalement, nous avons préféré repartir avec l’entreprise « les Airelles » qui s’est avérée être une entreprise sérieuse et de qualité.
La construction
Le permis de construire a été obtenu en janvier 2009 pour une maison d’environ 160 m² de surface habitable. La performance énergétique visée était de 46 kWh/m².an.
En mars 2010, les travaux ont commencé. La construction s’est déroulée de manière très différente d’une maison classique : la partie porteuse de la maison (murs en ossature bois) a été entièrement réalisée en atelier et amenée par convois exceptionnels sur le terrain. Ainsi, la construction n’a duré que cinq mois.
En septembre, nous vivions dans la maison.
La maison récompensée
Nous avons proposé notre maison à l’appel à projets PREBAT 2008-2009 « Bâtiments Basse Consommation Énergétique » en Haute-Normandie, qui avait pour but de promouvoir la construction et la rénovation de bâtiments exemplaires au niveau des performances énergétiques.
La maison a été récompensée parmi les 17 lauréats. Cette sélection nous a permis par la suite de bénéficier d’aides financières sur les études et sur les investissements à réaliser ainsi que d’un programme d’accompagnement sur plusieurs années.
Notre maison a aussi fait parler d’elle dans la presse locale !
Vivre dans cette maison
Le plus important n’est pas la technique, mais bien de savoir comment on vit dans une telle maison.
C’est en 2010 que nous sommes entrés dans la maison, d’abord à deux. Nous y sommes maintenant quatre comme notre famille s’est agrandie.
Nous avons maintenant passé plusieurs années dans la maison et il est donc possible de faire un premier bilan.
Trois domaines sont importants :
- Le confort
- L’utilisation au quotidien
- La finance
Confort dans la maison passive
Nous trouvons que le confort est au rendez-vous, voir même au-delà de nos espérances. En effet :
- La température est homogène et douce dans la maison. Pas de zones chaudes (près des radiateurs) ou de zones froides (près des fenêtres).
- Il n’y a pas l’effet froid dans le dos lorsqu’on a une vitre ou un mur derrière nous.
- Il n’y a pas de zones très humides qui risqueraient de faire des moisissures à long terme.
- Les baies vitrées orientées Sud et Ouest offrent une très bonne luminosité dans une grande partie de la maison.
Évidemment, le tout en plus du confort classique (éclairage, électroménager, domotique…). Nous n’avons rien sacrifié sur l’autel de la performance.
Utilisation de la maison passive
On pourrait croire qu’une maison de ce type nécessite d’avoir fait Polytechnique pour utiliser et régler les appareils dans la vie de tous les jours. Et bien non !
Il y a bien sûr le réglage de la ventilation, mais ce n’est pas plus dur qu’un thermostat de chauffage central. Et puis… rien d’autre !
Bref, c’est tout simple.
Les coûts de cette maison passive
A la construction, le coût est forcément plus élevé. Nettement plus élevé : + 40%.
En revanche, à l’usage, c’est tout l’inverse, nous bénéficions de plusieurs biais d’économie :
- Energie : la facture n’est que de 25€ à 30 €/mois d’électricité (c’est-à-dire tout compris car notre seule source d’énergie est l’électricité).
- Impôts : avec le BBC nous avons eu un crédit d’impôt de 40 % des intérêts de l’emprunt durant 7 ans.
Au final, le surcoût de la maison devrait s’amortir sur 15 à 30 ans selon l’évolution des prix de l’énergie, mais aussi des normes des logements.
Les plus de notre maison passive
En dehors des aspects purement basés sur le chauffage, nous avons ajouté quelques éléments complémentaires :
- Chauffe-eau solaire : il couvre 60% de nos besoins en eau chaude.
- Puits canadien : c’est un apport non négligeable en hiver.
- Récupération des eaux de pluie pour les chasses d’eau et les machines à laver. C’est une économie d’eau potable considérable.
- Volets à lames orientables pour bien gérer la luminosité du soleil.
Au final, cette maison est vraiment très agréable à vivre.
(14 commentaires)
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Gwen
5 septembre 2013 à 14 h 23 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
C’est un très beau projet, bravo. juste 2 remarques: il y a pas mal d’endroits dans l’article ou tu ecris « mettre le lien »: parfois c’est fait, d’autres non. De plus, dans les 2 formes qui s’imposaient, si tu as pensé à la demie sphère, tu aurais pu penser au cylindre. J’étais sur de moi sur le rapport surface/volume (ce n’est pas la forme de la boite de conserve pour rien, avec en plus un rapport diamètre/hauteur optimal); mes calculs rapides me le confirment: c’est mieux que le cube. Bon je te l’accorde, c’est chipoté… et de toute manière, ta maison aurait qd meme etait « cubique ».
PS: Tu peux supprimer ce commentaire…
admin
6 septembre 2013 à 10 h 27 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Effectivement, quand tu vois mettre un lien, c’est par ce que je dois encore publier des articles (j’en ai une 40 aine en stock) qui explicitent ces points, mais comme c’est pas encore là, c’est un pense bête. Il faut que je revoie ça maintenant que le blog est plus conséquent.
Pour la forme, pas besoin de calculs rapides :
1- la sphère
2- la Demie sphère
3- le cylindre (dont la hauteur est égale au diamètre si mes souvenirs de cours d’optimisation à l’école d’ingé sont bons)
4- le cube.
Tu conviendra que les 3preèmes formes ne sont pas si simples à mettre en œuvre et à faire accepter par les services instructeurs !
Pour vérifier les calculs sur le cylindre :
V=PIxR^2xH et S=2xPIxR^2+2xPIxRxH, il faut trouver H=f(R) pour que V/S soit maximum ou S/V mini
Gwen
9 septembre 2013 à 11 h 49 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Tes souvenir sont corrects… une dérivée nulle est le tour est joué.
Henri
6 janvier 2014 à 11 h 31 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Bonjour,
Pouvez vous indiquer les détails de la fabrication. isolant (bottes de pailles ?), structure bois (KLH ?), fondations, isolation au sol… Un petit bilan énergie grise serait aussi intéressant en comparaison d’une construction classique. Enfin ca fait un peu de boulot j’en conviens
Merci pour votre site
admin
6 janvier 2014 à 14 h 59 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Alors, dans un commentaire en une ligne, non, mais cela me donne l’idée de rédiger quelques articles sur le sujet dans les semaines à venir. En termes d’énergie grise, une étude avait été faite, mais le logiciel était une version bêta qui n’a pas donné de résultats pertinents. Quoi qu’il en soit, le fait d’être en ossature bois avec une isolation en Ouate de cellulose me place déjà devant les constructions béton laine de verre.
fifou
31 janvier 2015 à 15 h 00 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Bonjour ,
Sauf erreur de ma part , je n’ai vu que des conso exprimées en Energie finales ( relevée directement au compteur) et non Primaire ( conso compteur à laquelle on applique un coéfficient multiplicateur de 2,58).
Or comme indiqué plus haut je cite:
« La maison passive est une norme Allemande qui demande 15 kWhep/an.m² habitable (soit moins que la SHON) pour le chauffage et 120 kWhep/an.m² habitable tous compris.
Difficile de comparer les 2 qui ne sont pas basés sur les mêmes critères. Pour ma part, je suis actuellement à 50 kWh/an.m² tous compris. »
si votre calcul est réellement fait en KWhep, cela signifierai que vous consommez 19KWhef
si votre calcul est en réalité exprimé en KWhef, cela signifierai que vous consommez 129kWhep/an/m².
Je suis assez notice en la matière et je peux donc certainement me tromper ,mais étant actuellement dans les même types de calculs que vous et je m’interroge sur la base de calcul à prendre en compte.
Merci de votre réponse
Cordialement
fifou
admin
1 février 2015 à 22 h 17 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Merci pour votre message. C’est une erreur de ma part que vous avez soulevé (elle est désormais modifiée!). La norme Allemande Passivhauss est en énergie finale et non en énergie primaire (comme le BBC français).
Pour info, mes consommations mesurées sont :
– 8,63 kWh/an/m2 pour le chauffage en 2013, soit 22 kWhep/an/m2
– 23,67 kWh/an/m2 tout compris en 2013, soit 61 kWhep/an/m2
– 5,02 kWh/an/m2 pour le chauffage en 2014, soit 13 kWhep/an/m2
– 18,52 kWh/an/m2 tout compris en 2014, soit 48 kWhep/an/m2
Gwen
28 octobre 2015 à 17 h 38 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Les critères pour la maison passive sont les suivants : http://www.lamaisonpassive.fr/spip/spip.php?article8
Besoins en chauffage < 15 kWh/(m².a) ou puissance de chauffe < 10 W/m²
Besoins en énergie primaire totale (électroménager inclus) < 120 kWh/(m².a)
On compte donc le chauffage en énergie finale (pour évaluer les déperditions indépendamment de la source du chauffage) et le total est en énergie primaire pour mettre une borne maximale tenant compte des sources d'énergie.
admin
31 octobre 2015 à 16 h 20 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Oui, mais je remets les deux systématiquement pour une meilleure compréhension.
Julien Boucher
26 février 2015 à 10 h 31 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Bonjour,
Tout d’abord un gros bravo et merci à la fois pour votre projet qui est très impressionnant, mais aussi pour tout le travail d’information et le partage passionnant que vous transmettez à travers votre site.
Au risque de « pinailler » un peu, une question toutefois sur les chiffres que vous annoncez en terme de consommation énergétique sur 2013 (3953 kwh) et 2014 (3093 kwh) : est-ce que cela correspond à vos relevés de consommations électriques totales, ou est-ce que cela comprend aussi l’énergie produite par les éléments actifs (type chauffe eau solaire) ?
Car en faisant un bref calcul, je ne comprends pas comment il est possible que vous n’ayez que 25€ de facture EDF par mois (annoncé dans la page « vivre-dans-une-maison-passive »), avec un taux à 0.144 € le kwh, cela serait plutôt une moyenne de ~ 47 € /mois sur 2013 et ~ 37 € / mois sur 2014 sans l’abonnement… bien entendu cela reste toujours impressionnant pour une maison de cette taille !
Dans notre cas qui avons construit notre maison tout récemment. C’est une maison « de type passif », sans pour autant l’être, car nous tournons plutôt à ~ 35 à 40kwh/m2/an… toutefois c’est toujours agréable de voir les chauffages s’arrêter net dès qu’il y a une journée ensoleillée !
Bonne continuation,
admin
26 février 2015 à 11 h 24 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Bonjour,
Au niveau des chiffres en termes de consommation, je prend le compteur EDF général. La production d’eau chaude solaire est une production thermique, donc difficile à mettre en face, d’autant qu’elle vient comme une économie. Par conséquent, pour pouvoir la mesurer, il faudrait que je coupe le chauffe eau solaire durant un certain temps pour voir la surconsommation qui s’en suit. Bref pas évident.
Sur les coûts j’annonce 25 €/mois hors consommations spécifiques qui ne correspondent pas aux besoins de la maison elle même. Ces conso spécifiques représentent environ la moitié de la consommation totale. Si on tient compte de l’abonnement de 8 € TTC environ, on a (à la louche) :
– Abonnement 8€
– Consommations réglementaires : 17 €
– Consommations spécifiques : 17 €
Soit un total de 42 €
Bravo pour votre projet, 40 kWh/an/m2 effectifs, vous êtes déjà bien meilleurs que les compatriotes qui sont en RT 2012 !
val
7 avril 2016 à 14 h 32 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Chapeau ! Quand on voit la consommation moyenne des français, on se dit que peu de gens font le genre d’efforts que vous faites, alors que cela reste primordial pour la planète ….
Pour avoir quelques données au niveau local, j’ai trouvé des informations sur le site suivant : cliquez ici pour mon village par exemple
HENRY
15 novembre 2017 à 16 h 35 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Bravo, ce type de construction devrait être la norme partout. La demi-sphère (sans système de rotation) présente une grande résistance sismique et aux tempêtes, peu de prise au vent = moindre refroidissement. Mais encore faut-il réussir à obtenir un permis de construire dans une France très conservatrice.
admin
18 novembre 2017 à 21 h 30 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Comme toujours, la France a dû mal à bouger.