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Août 20

La vérité sur l’énergie : Partie 1 énergie et croissance



La croissance ! Maître mot de nos politiques… Le but, la finalité, l’eldorado. Mais cette croissance sur quoi est-elle basée ?

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« Il faut retrouver de la croissance« 

 

Depuis les années 70, nous traversons une crise économique longue. Cette crise est composée de périodes de grosses crises (73-75, 80-82, 91-93, 2001, 2008-2010 et 2011-2013) et de périodes plus fastes (76-79, 84-88, 94-2000 et 2003-2006). Mais force est de constater que globalement :

  • En moyenne la croissance est faible sur ces 40 dernières années
  • Le chômage n’a jamais cessé d’augmenter (sauf ponctuellement)
  • Les acquis sociaux se sont dégradés
  • Les dettes des états, comme les dettes privées se sont envolées

 

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Les hommes politiques ont tenté pleins de choses (parfois contradictoires) pour enrayer le phénomène :

  • Fiscalité
  • Compétitivité
  • Relance
  • Emplois aidés

 

Rien n’y fait, tous les choix politiques se terminent toujours par une croissance molle ou nulle et un endettement croissant.

 

Trouver la croissance, ou trouver l’énergie ?

 

Bien souvent, la théorie économique est la suivante :

  1. Il y a une crise.
  2. Donc, il y a moins d’argent
  3. Donc, la consommation baisse
  4. Donc on consomme moins d’énergie

 

Et bien ce n’est pas si sûr…

Certains spécialistes se sont penchés sur la question, notamment Jean marc Jancovici spécialiste des questions énergétiques.

 

Voici l’analyse qu’il a réalisé :

Consommation de pétrole vs croissance

 

En rose : La croissance de la consommation mondiale de pétrole lissée sur 3 ans.

En bleu : la croissance économique mondiale, elle aussi lissée sur 3 ans.

 

1er constat : il y a une corrélation entre croissance économique et consommation de pétrole.

 

Ce constat n’est pas contradictoire avec la théorie traditionnelle sur la crise économique entraine la crise énergétique. Mais, regardons de plus près !

 

2ème constat : la consommation de pétrole plonge AVANT l’économie !

 

C’est plus surprenant, jusque dans les années 80, les courbes se correspondent bien, mais pour les deux dernières crises, la consommation de pétrole a cesser de croître avant l’économie.

 

Sans remettre en cause la complexité et les multiples facteur d’une crise, il est légitime de se poser la question : la consommation d’énergie n’est-elle pas le vrai moteur de la croissance ?

 

D’ailleurs, qu’est ce qui a cassé la croissance en 73 ? un choc pétrolier !

 

Remontons dans l’histoire de l’énergie

 

Voici que que je trouve sur le site de Jean Marc Jancovici.

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Consommation mondiale d’énergie primaire en kWh/an et par habitant.

 

Analyse de la consommation totale mondiale de l’énergie

 

La courbe est assez facile à analyser, globalement : elle monte entre 1860 et aujourd’hui grosso modo, d’un facteur 10. Sur cette période, le PIB a été multiplié par 70, la population mondiale par 7 (donc la richesse par habitant par 10, tiens comme l’énergie ?). L’espérance de vie a doublé.

 

Ainsi, sur une période longue (150 ans), on constate que la consommation d’énergie et l’amélioration de la qualité de la vie sont corrélées. Personnellement, cela me pose, dès aujourd’hui, un problème de conscience pour le futur.

 

Analyse des tendances à court terme de la consommation mondiale d’énergie

 

Commençons par le positif, quelles sont les périodes de forte croissance de la consommation d’énergie :

  • 1850 – 1913 : c’est la révolution industrielle.
  • 1945 – 1973 : on appelle cela les 30 glorieuses.
  • 2000 à aujourd’hui : c’est l’éveil de la Chine et des pays émergeant.

On associe donc une forte croissance de l’énergie à une forte croissance de l’économie.

 

Mais il est aussi arrivé que l’énergie baisse :

  • Creux 1870 – 1871 : cela correspond à une guerre entre la France et l’Allemagne alors deux grandes puissances économiques.
  • Stagnation 1914 – 1920 : 1ère guerre mondiale.
  • Chute 1929 – 1932 : c’est une crise économique grave.
  • Chute 1944 – 1946 : cela arrive à la fin de la guerre, durant la guerre, tous les états faisaient un « effort de guerre » et les industries tournaient à plein régime pour l’armement. La « vraie crise » est donc juste après.
  • 1973 et 1980 : les deux chocs pétroliers qui ont mis fin à la période de croissance des trente glorieuses dans les pays occidentaux.
  • 1989-1991 : chute du bloc communiste et guerre du pétrole en Irak.
  • 2008 : crise des subprimes.

 

Il n’y a dans ce graphique absolument aucune période de baisse de la consommation d’énergie en période de croissance économique.

L’idée de pouvoir continuer la croissance économique en baissant les besoin énergétique implique donc l’idée d’un système économique radicalement différent du système actuel.

 

Les énergies renouvelables ne représentent… rien ou presque et baissent.

 

Tout en haut du graphique, on trouve toutes les énergies renouvelables :

  • Le bois : 50 % de l’énergie en 1850 et 10% aujourd’hui
  • L’hydraulique : 0% en 1850 et 5% aujourd’hui
  • Les autres (éolien, solaire, géothermie, biogaz…) : 0% en 1850 et 1% aujourd’hui.

 

Ces énergies sont donc à la marge dans le mix actuel. Pire, leur proportion baisse !

  • 50% en 1850
  • 25% en 1900
  • 20% en 1950
  • 15% aujourd’hui.

 

 

Constat alarmant, les seules énergies durables n’ont jamais cessé de baisser dans le mix. De plus, aujourd’hui, le bois et l’hydraulique n’ont plus de grandes marges de croissance. Bref, l’avenir en tout renouvelable, n’est pas pour demain.

 

Le pétrole maître du jeu ?

 

La croissance des 30 glorieuse s’est appuyée sur le pétrole (accompagné du gaz) qui représente aujourd’hui 30% de l’énergie primaire mondiale (50% avec le gaz). Il est aussi le vecteur principal des transports.

Mais… Il n’est pas seul.

 

C’est le charbon qui fait la croissance !

 

Le charbon, c’est l’énergie du 19ème siècle !

… et aussi celle du 21ème ?

 

Si on regarde le graphique, comme on s’y attend, le charbon a fait les « beaux jours » de la révolution industrielle au 19ème siècle. Puis, il a disparu ?

Ah, non, il s’est maintenu au même niveau durant tout le 20ème siècle.

Aujourd’hui, il est reparti à la hausse ! Comment ça, le charbon en hausse ?

Oui, le charbon est même responsable à lui seul du nouvel essor de l’énergie depuis 2000 et donc de la croissance des pays émergents !

 

Et le nucléaire dans tout ça ?

 

Et bien le monde en parle beaucoup et en produit peu !

Pourquoi ?

  • La technologie n’est pas maitrisée de tous.
  • Le peur d’une catastrophe reste le principal frein.

 

Conclusion

 

L’énergie fait la croissance ? Ou bien, la croissance fait l’énergie ?

 

Je suis tenté d’opter pour le 1er cas : l’énergie fait la croissance.

L’énergie c’est quoi ? A 80 %…

  • Du Charbon
  • Du pétrole
  • Du gaz

Bref, l’énergie, c’est tout ce qui pollue et qui dérègle le climat.

 

Dans ces circonstances, comment imaginer un futur en croissance et des énergies fossile en baisse. J’étudierai plusieurs scénarios dans les prochains articles (parties 2 et 3).

 

La majorité des documents présentés proviennent du site Manicore.

(5 commentaires)

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  1. k&c

    La croissance telle qu’on en parle aujourd’hui est un concept idiot: c’est la croissance de la production.
    Mais la production de 100 objets dont la durée de vie est d’un an ne vaut pas la production des 100 même objets dont la durée de vie est 50 ans
    Résultat si le PIB aujourd’hui est plus élevé qu’il y a un siècle c’est aussi surtout parce que la durée de vie des choses produite est bien plus faible.

    A très long terme la croissance devrait etre liée à celle de la population…

  2. FRB

    Ton article me fait penser à une idée qui n’est pas de moi : on a substitué les esclaves et autres serfs par les énergies fossiles. Ainsi, le stock de fossile représente pour chaque habitant de la planète un « équivalent esclave », qui travaille pour nous pour presque rien par rapport à ce qu’il fournit et ce 24h/24 et 7/7. Voir par exemple ici : http://www.manicore.com/documentation/esclaves.html. Selon l’auteur (tiens encore Jancovici, il est un peu trop partout lui), l’énergie consommée par les européens représente l’équivalent de 400 à 500 esclaves par personne!. Intéressant comme façon de voir les choses, non? Imaginons qu’il faille que chacun d’entre nous nourrisse et loge son petit cheptel de 400 esclaves… Bon, ces équivalences ont certainement leurs limites (efficience, …), mais c’est tout de même une image parlante je trouve.

    Ou encore, lorsqu’on visualise le lien entre cette « croissance » et le fait qu’elle est basée sur le pompage dans un stock fini, je trouve que cela lui donne une toute autre image, fortement noircie. En effet, il y a un peu une illusion dans le terme de « croissance ». Le terme croissance fait penser à plein de choses positives, mais croît-on vraiment lorsqu’on ne fait que puiser dans des stocks fossiles finis? Sans parler des conséquences réelles et concrètes, effet de serre et autres effets secondaires sympathiques.
    Notre économie serait-elle depuis 200 ans basée sur un leurre? On vit un peu (beaucoup) sur le dos de la bête, non?

    1. admin

      Merci FRB pour cette intéressante contribution. La comparaison machines/esclaves de Jancovici est effectivement assez parlante. J’aurais tendance à dire que la croissance s’est faite sur le dos de la bête surtout depuis 45, et en toute connaissance de cause depuis 73. Encore que le club de Rome le montrait déjà dans les années 50.

  3. Alban

    Merci pour votre article très intéressant même si celui-ci date un peu. Je serai bien curieux de voir l’évolution qu’il y a eu entre ces quelques dernières années. Concernant les énergies renouvelables, si à la dat à vous avez écrit ces lignes, il semblait que celles-ci ne pesaient que peu dans la balance, il me semble que dernièrement elles progressé non ? Notamment avec l »arrivée de nouvelles technologies et d’acteurs proposant des services sur ce marché.

    1. admin

      L’article a deux an, l’inertie du monde fait que ce temps est trop court pour qu’une tendance s’inverse véritablement. Le pétrole est toujours largement dominant, le charbon est toujours l’énergie qui croît le plus et qui devrait bientôt dépasser le pétrole. Les énergies renouvelables représentent toujours l’épaisseur du trait tout en haut de quelques pourcents. Et c’est pas prêt de changer : le pétrole qui étaient une énergie peu chère, dense et pratique au début du 20ème siècle a mis des dizaines d’années à dépasser le charbon. Les EnR qui n’ont aucune des avantages énergétiques de pétrole mettront des siècles à devenir majoritaire. A moins de faire un réel travail sur notre consommation.

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