J’entends souvent dire : « la transition énergétique, ça coûte cher ! Qui va payer… » J’entends plus rarement dire : « l’absence de transition énergétique, ça coûte cher ! Qui paye ? » Et pourtant…
Une facture d’hydrocarbure de 70 Milliards d’Euros !
C’est assez simple, chaque année, l’énergie nous coûte 70 Milliards d’euros. Quand je dis énergie, il s’agit essentiellement de pétrole et un peu de gaz. Le charbon est marginal et nous sommes exportateur d’électricité d’origine nucléaire (mais cela ne rembourse pas la facture loin de là).
Pire, chaque année, la facture s’alourdit de plusieurs milliards.
Contrairement aux idées reçues, le nucléaire n’est pas un gage d’indépendance énergétique pour la France. En effet il n’est pas présent dans les transports. Ces derniers dépendent à 98% du pétrole.
Ainsi, le pétrole est la 1ère énergie utilisée en France, comme en Allemagne d’ailleurs !
Une facture pétrolière qui pèse lourd sur la balance commerciale
Pour caricaturer : quand la balance commerciale est déficitaire, cela veut dire que les français travaillent pour payer les autres !
La balance commerciale de la France est déficitaire depuis 2004. Et pourtant…
Si on enlève la facture énergétique, cette balance commerciale n’est déficitaire que depuis 2009. L’énergie représente actuellement presque 90% du déficit commercial de la France. Bref, on travaille essentiellement pour se payer du pétrole.
A qui profite notre argent ?
Je les donnes dans l’ordre (source SOeS) :
- Les Russes
- Les Saoudiens
- Les Kazaks
- Les Lybiens
- Les Norvégiens
- Les Nigeriens
- …
Les norvégiens mis à part, on note que les pays présents dans la liste sont tous particulièrement amicaux avec des régimes politiques stables et démocratiques…
Donc, non seulement, nous travaillons pour donner de l’argent à Poutine et compagnie, mais en plus notre dépendance pétrolière et gazière vis à vis d’eux nous empêche la fermeté diplomatique parfois nécessaire. Notamment lorsqu’un pays annexe une partie de son voisin.
La transition énergétique coûte cher ? Essayez la non transition énergétique !
Pour paraphraser la célèbre citation de Lincoln « le savoir coûte cher, essayez donc l’ignorance », je vous invite à réfléchir sur celle de la transition énergétique… Imaginons que nous puissions nous passer de gaz et de pétrole, nous aurions 70 milliards de plus à notre disposition chaque année.
En faisant un raccourci un peu rapide j’en conviens, on peut donc imaginer que la transition énergétique commence à nous coûter vraiment à partir de 70 Milliard d’euros !
Que fait-on avec 70 milliards d’euros par an ?
Admettons que nous décidions de les mettre dans la rénovation des logements. Une rénovation niveau BBC, fait diminuer la consommation moyenne annuelle au m² de 150 kWh et coûte environ 250 €.
70 milliards/250 € = 280 million de m² ! Soit pour un logement moyen de 90 m²… 3 millions de logements par an. Et donc une économie d’énergie de 42 milliards de kWh.
Ceux qui disent qu’il est illusoire de rénover 500 000 logement par an pour des raisons de coût devraient regarder les chiffres de plus près !
Dernier point, cet investissement de 70 milliard par an en rénovation irait immanquablement dans leur grand majorité dans la poche de PME locales !
Qui voulons nous soutenir financièrement ? Les oligarques russes et les princes Saoudiens… Ou bien les PME françaises ?
Vous souhaitez faire construire une maison passive en Normandie ou rénover votre habitat en Normandie, contactez moi, je peux vous aider.
(15 commentaires)
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Hervé Renault
16 juin 2014 à 21 h 34 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Cet article fait réfléchir. Mais pour répondre à la question du titre : à mon humble avis, oui, nous les enrichirons jusqu’au bout. Du moins, tant qu’il y aura du pétrole. C’est l’avis que je me suis forgé au bout de 10 ans où j’ai vu passer toute sorte d’articles et de livres qui nous alertent, et pourtant absolument rien n’a changé. Aucune initiative publique sérieuse. On continue de comptabiliser les centaines de kilomètres de bouchons tous les matins à la radio… Et rien n’indique un changement donc l’inertie est totale, ça peut durer encore 10, 20 ou 50 ans (comment savoir ?)
admin
17 juin 2014 à 14 h 36 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
C’est mon avis aussi, et de toute façon derrière le pétrole, il y a le charbon. Sans politique volontariste, le « business as usual » continuera, à quels coûts ?
La crise pétrolière ne date pas d’aujourd’hui, mais de 1971, date du pic oil américain. Nixon a alors commencer à prendre peur à juste titre, puisque deux an après, les pays de l’OPEP se sont permis de forcer le prix. Mais compte tenu des « qualités » énergétiques du pétrole, les deux crises de 73 et 80 n’ont rien changé.
Aujourd’hui, le pic oil mondial est en cours d’être dépassé. Que vont faire les énergéticiens ? Aller vers le moins cher à cours terme : le charbon ! Les énergéticiens sont des entreprises mondiales, tant qu’elle font des bénéfices, peu importe si les princes de l’or noir s’enrichissent et que les citoyens du monde s’appauvrissent : « the show must go on ! », il faut vendre des voitures, les néons doivent briller dans les rues, les avions doivent voler, coûte que coûte… Jusqu’à quand ?
Gwen
17 juin 2014 à 16 h 02 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Qu’a-t-on fait concrètement pour se passer des voitures? Rien… Qu’a-t-on fait pour qu’elles consomme moins (vraiment moins)? Rien. Et pour l’electrique? Pas grand chose non plus alors qu’un gros coup de boost en recherche serait payant dans ce domaine. C’est malheureux…
admin
17 juin 2014 à 21 h 54 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Les voitures à 2L, c’est déjà dans les cartons (ça l’était déjà il y a dix ans quand je faisait de la recherche sur les injecteurs). Sauf qu’il y a l’inertie industrielle et la peur du risque chez les constructeurs et l’inertie politique et la peur de ne pas se faire réélir chez les décideurs.
C’est comme si on était au volant, on voit bien que le virage au bout de la ligne droite va être dangereux, alors on lâche le volant et on ferme les yeux en pensant que le virage passera tout seul…
Et puis il y a pleins de solutions pour arriver à nos fins :
– Taxer les carburants fossiles pour subventionner le train. Ah oui, ça s’appelle l’écotaxe, on l’a abandonné.
– Faire une prime à la casse de la valeur d’une voiture neuve uniquement si on achète un véhicule qui consomme moins de deux litres (si si, c’est rentable à long terme pour l’état).
La voiture électrique pose par contre un problème. 30 millions de véhicules qui font 12 000 km par an, ça fait 360 milliards de km parcourus par an en France. Ce qui fait à 6,5L/100km, 23,5 milliards de litres de carburant, soit environ 235 milliards de kWh.
Pour faire rouler tout ça, il faudrait construire 19 réacteurs EPR supplémentaires !
Gwen
18 juin 2014 à 14 h 24 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Il me semble que tu omets dans ton calcul les differents rendements car 1l d’essence pour 10 kWh c’est en prenant le pouvoir calorifique sans tenir compte du système voiture.
On peut facilement diviser par 10 pour une voiture thermique (rendement du moteur 30%, perte partie cycle et systeme electrique, non optimisation – acceleration/freinage, mauvais regime, survitesse, …-
. Je ne connait pas les valeurs exacte pour l’electrique mais en tenant compte depuis la production (transport electricité, transfo, perte à la charge des batteries) on est globalement à un ratio de 5.
a ce stade, c’est 10 réacteurs. Mais une multitudes d’autres parametres entrent en jeu (en faveur de l’un ou de l’autre) ce qui rends la question délicate. Finallement, supprimer le besoin de transport reste le mieux!
admin
18 juin 2014 à 17 h 40 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
En fait, la voiture fait environ 16 à 20 % de rendement, les centrales électriques 33%, il faut ensuite enlever les pertes en ligne, donc plus que 30%, l’usage de la voiture électrique à un rendement quasiment de 100%. Bref, on peu raisonnablement dire 12 ou 13 EPR au lieu de 19, c’est vrai.
Évidemment, une autre source d’optimisation vient des SMART Grids (« réseaux intelligents »), cela permet essentiellement de lisser les pics sans pour autant baisser la consommation. L’idée c’est d’éviter que les centrales soient en sous utilisation durant les creux de consommation et de ne pas avoir besoin de recourir aux énergies fossiles durant les pics. La mise en place sera longue et complexe, mais une partie du parc automobile passé en voiture électrique, pourrait permettre de faire une sorte de « stockage décentralisé » en se chargeant durant les périodes creuses. Ainsi, on peu encore diminuer le recours aux nouvelles centrales.
Maintenant, réorienter les besoins de transport est encore une solution très efficace : bus longue distance, trains, télétravail… Mais on touche aux habitudes.
Hervé Renault
19 juin 2014 à 7 h 08 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Je vous arrête dans votre élan : personne ne veut de voiture électrique ! L’autonomie est trop faible. La seule alternative crédible pour le moment, c’est l’hybride. Et là, je ne comprends pas les constructeurs français. Ça fait 10 ans que j’attends de voir une Clio ou une 208 ou une C3 hybride, mais toujours pas la moindre annonce à l’horizon… Pendant ce temps, Toyota sort la Auris qui est, si j’ai bien compris, du gabarit de la Mégane. Ce sont ces voitures petites et moyennes qui polluent nos villes, et si elles étaient disponibles en hybride ce serait un très grand pas en avant. (En attendant de voir, peut-être, un jour, qui sait, des tout-électriques avec une autonomie sérieuse)
Gwen
19 juin 2014 à 7 h 57 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Si moi! Et mon voisin de bureau. Et mon chef de service. Plusieurs pb liés à l’envie de faire de l’argent de la part des constructeur autant qu’avec des thermiques nous posent des pb… Cette location de batterie à 80 euros/mois en fait partie. Pour 500 km par mois, on est à 0.16 euros du km ce qui est plus cher que l’essence que je mets dans ma familiale…
De nombreux brevet sont aux oubliettes… l’espoir faisant vivre, j’attends avec impatience l’avènement des batteries aux graphènes. On pourrait alors parler sereinement d’autonomie et de smart grid…
Sinon, niveau rendement des moteurs électrique, tu y va un peu fort. Les meilleurs synchrones donneraient 95%. Le net semble annoncer une moyenne de 80/85%. Un moteur electrique, ca chauffe un peu qd meme… et un peu de trainée, un peu de frottement… la voiture electrique au sens strict a un bon rendement, mais pas 1…
Hervé Renault
19 juin 2014 à 9 h 19 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Vous n’êtes pas les seuls 🙂 Quand je disais « personne », c’est par rapport à la masse du marché.
Les constructeurs français scient la branche sur laquelle ils sont assis. Jusqu’ici, je les ai privilégiés pour l’emploi local… mais s’ils ne changent pas, ma prochaine voiture sera hybride, moyenne, et donc japonaise.
Sinon, pensez-vous que le graphène sera vraiment la révolution qu’on annonce ? Je l’espère…
admin
19 juin 2014 à 10 h 30 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Je vous arrête net tous les deux ! Le technologie est une chose, mais il ne faut pas oublier que chaque avènement technologie a créé une aubaine qui a entraîner une hausse de la consommation d’énergie derrière, même lorsque la technologie a permis une baisse unitaire de la consommation.
Exemple, avant pour communiquer avec son voisin australien, il fallait écrire une lettre et la faire voyager par avion, soit une débauche d’énergie monstrueuse pour un simple papier. Aujourd’hui, on lui envoie un mail (en lui même nettement moins consommateur d’énergie). Sauf qu’avant, seul le PDG d’une boîte internationale se permettait de communiquer avec son voisin Australien. Aujourd’hui, le moins pécore du fin fond de la creuse envoie des défis Facebook inutiles à des potes australiens qu’il n’a jamais vu.
Bref, le nombre de communication long distance a explosé. Mais pour que cette communication aient lieux, il faut des PC et des Smart phone gourmands en énergie grise et fabriqués en Chine, des travaux d’infrastructure monumentaux, des serveurs gourmands en énergie… Bref, si la consommation unitaire est plus faible, la consommation globale est beaucoup plus élevée.
Autrement dit, la transition énergétique demande des avancées technologiques, certes, mais accompagné d’un changement comportemental.
Revenons aux voitures, vous avez tous remarqué, quand on ouvre un voie supplémentaire sur une autoroute pour pouvoir absorber le trafic, deux ans après on est revenu au même point. Plus de monde se déplace en voiture et donc surcharge la nouvelle voie. Prenons maintenant une idée Espagnole (oui, oui, on peut trouver des choses en Espagne). Crise oblige (malheureusement, ils n’ont pas fait ça « volontairement »), les Madrilènes ont ouvert 40 ligne de bus longue distance, c’est à dire :
– 3 ou 4 arrêts entre 30 et 50 km du centre, puis trajet direct jusqu’à un pôle multimodale (Bus, trains, métro) en centre ville.
– Une voie de la route dédié aux bus uniquement aux heures de pointes.
Investissement ? Quelques arrêtes de bus, de la peinture sur la route, des bus et c’est tout. Un bus remplace 60 véhicules, 40 lignes de bus avec 10 bus par jour (aller puis le même nombre au retour) remplacent… 24 000 véhicules.
Résultat, sans aucune avancée technologique (pas d’hybrides, pas d’électrique), avec un investissement minimum d’infrastructure, on obtient une baisse de la consommation de carburant (et donc des gaz à effet de serre) et une résolution partielle des embouteillages pour un même service rendu.
Bref, il faut allier comportement ET technologie
Hervé Renault
19 juin 2014 à 11 h 02 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Totalement d’accord avec ta démonstration. Et cet exemple espagnol me fait revenir à l’avis que j’exprimais dans mon premier commentaire : collectivement, nous ne ferons rien… tant que nous ne serons pas au pied du mur comme les Espagnols.
Maintenant, le débat philosophique sur ton exemple « australien », ça pourrait être : comment déterminer ce qui est utile, tant que nous ne sommes pas encore au pied du mur… Est-ce que les réseaux sociaux sont vraiment inutiles ? Ce sont des rapports humains, après tout, et ça vaut mieux que de faire la queue dans sa voiture sur une autoroute tous les matins et tous les soirs. Et cette conversation que nous avons, est-elle utile ? 😉 C’est sûr, elle consomme de l’électricité sur nos PC, sur ton serveur allumé 24h/24 7j/7… mais ce sont des rapports humains.
Gwen
19 juin 2014 à 15 h 21 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
La demo est bonne, le constat formidable et la faisabilité sans faille mais fondamentalement rien n’est changé: des gens vont toujours faire leur 50km pour aller bosser.Ce changement est contraigannt et ils le font car ils y sont forcés…
Sinon on peut augmenter drastiquement undes salaires d’un couple et n’autoriser qu’une personne par couple à bosser: sans techno, sans bus et sans peinture on diminue le traffic!
Martin
22 juin 2014 à 23 h 27 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Tu oublie également les bénéfices indirects. Même s’il faut dépenser 1500€ pour économiser 1000€ d’énergie c’est rentable, car les 1500€ dépensés pour l’artisan local va être réutilisé ensuite (l’artisan achètera d’autres produits…) et la TVA s’automultiplier pour autant.
Souvent on dit que 1 emploi dans l’industrie créé = 3 emplois créés (le coiffeur, l’artisan qui dépendent de la santé économique de la ville). Si on part du principe 1€ qui arrive dans l’économie = 3€ de bénéfices totaux (directs et indirects) ou 1€ qui sort = 3€ de perdus, on se rend compte de l’ampleur des pertes liées à l’énérgie…
admin
23 juin 2014 à 10 h 50 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Tu as tout à fait raison sur l’amplification induite par le travail en local. Et pourtant, le choix (ou plutôt le non-choix de l’inaction) qui est fait ne va pas dans ce sens.
Jal
18 juin 2021 à 19 h 15 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
C’est clair, je suis totalement d’accord et cela ne prend pas en compte les coûts « cachés » du pétrole : coûts sur la santé, coûts des marées noires, coûts sur les emplois…
Heureusement, toute supercherie à une fin qui arrive bientôt !