Maison à énergie positive : une arnaque écologique ? (2/5)

BEPOS ! La fameuse maison à énergie positive… Dans l’article précédent, nous avions vu qu’elle n’était pas si positive que cela !

• Les calcul ne tient pas compte de toutes les consommations de la maison
• La réalisation d’une maison positive grâce aux panneaux solaires ne permet pas une adéquation entre la production entre la consommation et la production. Autrement dit, si la maison est « positive » les jours d’été, elle semble rester très « négative » les nuits d’hiver

Dans cet article, nous allons analyser les conséquences (environnementales, économiques et physiques) de l’inadéquation entre la production et la consommation d’une maison à énergie positive.

Qu’est ce que les panneaux solaires vont venir remplacer en été ?

Pour analyser cela, je suis aller sur le site de RTE qui a une excellente interface sur la production électrique en France (allez y faire un tour, c’est très bien fait et très instructif et plus interactif que la copie d’écran ci-dessous). J’ai pris un jour d’été ensoleillé, le 15 juillet 2014.

Qu’est ce que cela veut dire ?

Au moment où le soleil produit le mieux, la France produit 64 GW et n’en consomme que 54 GW. Bref, d’ores et déjà, votre production solaire part directement à l’exportation ! Mais si nos voisins n’en voulais pas ? En effet, s’ils décident aussi de faire du solaire (que qu’ils font déjà à plus grand échelle que nous), il va être dur d’exporter de l’électricité durant cette période.

Actuellement, cela fonctionne car nous ne vendons pas cher notre courant et cela permet aux allemands de réduire leurs centrales au charbon. Mais imaginez que l’on développe le solaire à grande échelle sur toute l’Europe : on ferme les centrales nucléaire à midi, mais on les rallume le soir ?

Et notre production solaire de la maison, que remplace-t-elle ?

1. De nucléaire
2. De l’hydroélectrique
3. et quasiment rien du reste.

Problèmes :

1. Remplacer du nucléaire de manière temporaire par de la production photovoltaïque ne change rien aux risque des centrales nucléaires, ne permet pas de fermer des centrales nucléaires, mais produit plus de CO2 (55g de CO2/kWh pour le solaire [ADEME] contre 40 g CO2/kWh pour le nucléaire).
2. Remplacer de l’hydroélectrique de manière temporaire par du solaire, c’est encore plus inintéressant, l’hydroélectricité étant une énergie renouvelable très facile d’utilisation et émettant très peu de CO2 (10g CO2/kWh).

Et parlons du coût… Le solaire photovoltaïque est plus cher que le nucléaire et infiniment plus cher que l’hydroélectricité.

Votre maison positive permet alors d’augmenter le coût de production de l’énergie, de déstabiliser le réseau et d’augmenter les émissions de CO2.

Qu’est ce qui va venir remplacer vos panneaux solaires en hiver ?

Nous étions partis d’une maison chauffant au gaz, donc, en hiver, vous vous chauffez au gaz pendant que votre toit ne produit aucune énergie renouvelable !

Le gaz est importé presque à 100 % en France, il est en quantité finie sur la planète et est un gros pourvoyeur de gaz à effet de serre.

Et concernant la partie électrique ?

Revenons sur un graphique issu de RTE pris cette fois ci en Décembre 2014.

A 19h, nous sommes :

• Pleine puissance sur le nucléaire ;
• Pleine puissance sur l’hydraulique ;
• Et même un peu d’éolien !
• Alors on allume les centrales à gaz, à charbon et au fioul ! (riches en CO2 !)

Bref, au moment où nous avons cruellement besoins d’énergies et notamment des renouvelables, votre panneaux ne produit pas !

La Maison Positive BEPOS, non merci ?

Si nous concevons les maisons positives de la manière présentée dans l’article précédant, nous cumulerons de nombreux inconvénients :

• Positive en moyenne, mais pas sur les bonnes périodes ;
• Coûts de production élevés ;
• Émissions de CO2 accrues ;
• Pas d’impact sur les importation d’hydrocarbures ;
• Déstabilisation du réseaux électrique ;

Alors faut-il passer son chemin sur la maison à énergie positive ? Ma réponse est nette : non. La maison positive représente l’avenir de la construction. Mais pas n’importe comment ?

Il convient de se poser les bonnes questions :

• Quelle consommation pour la maison (avant production) ?
• Quelle énergie renouvelable pour la maison positive ?
• Quelle gestion de l’intermittence de la production de l’énergie pour que cela soit gagnant pour tout le monde ?

Dans les prochains articles nous verrons donc comment réaliser une maison positive vertueuse.
 
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