Expliquer une crise du passée, comme je l’ai fait dans deux articles précédents (là et là), c’est assez simple, mais est-il possible d’en tirer un enseignement sur ce que nous vivons actuellement ? Il est toujours hasardeux de tenter de faire des parallèles, mais on peut facilement essayer de rechercher des similitudes pour en tirer des enseignements.
1. Les ressources naturelles sont toujours à l’origine de notre économie.
Le premier constat qu’on peut faire, c’est qu’aujourd’hui comme dans toute l’histoire, l’Homme n’a jamais créé de ressources, il ne fait que transformer et exploiter à son avantage ce qu’il a à disposition. C’était le cas du bois hier (et encore aujourd’hui), c’est le cas actuellement du pétrole, de l’uranium, du soleil, du vent, ou même des métaux…
La croissance économique s’est toujours faite sur ces ressources. Les Hommes les utilisent pour :
- Se nourrir : agriculture
- Les matériaux pour construire (pas que les maisons, mais aussi les voitures, les outils, les médicaments) : le bois, la pierre, la terre, les métaux… Mais aussi le pétrole qui sert aujourd’hui pour toutes les matières plastiques.
- Les ressources énergétiques, qu’elles soient renouvelables (biomasse, vent, soleil) ou non (pétrole, nucléaire, charbon, gaz…)
Aujourd’hui, par rapport au 14ème siècle, nous avons plus de types de ressources à notre service :
- Pour l’agriculture, nous avons de nouvelles plantes.
- Pour les matériaux, nous utilisons plus de métaux, de matières synthétiques.
- Pour l’énergie, nous avons « découvert » le gaz, le pétrole et le charbon. Ainsi que l’uranium.
Mais, hier comme aujourd’hui ces ressources sont limitées. Et force est de constater que nous les consommons beaucoup plus vite aujourd’hui que dans le passé.
2. Oui, mais aujourd’hui, on possède les technologies pour éviter ça !
Je pense que l’homme du 14ème siècle avait le même niveau d’intelligence que celui du 21ème. Même si nous avons plus de technologies, nous sommes assez impuissants devant certains évènements.
Aujourd’hui, la peste est facile à guérir ! Oui, mais quand le sida est apparu, on n’a pas fait les malins et pourtant c’était il y a 30 ans !
Nous avons certes fait beaucoup d’avancées technologiques, mais elles fonctionnent très souvent grâce … au pétrole ! Si demain, on ferme de robinet, nombre d’objets de notre quotidien n’auront plus aucune utilité. Pire, aujourd’hui, peu de monde en Occident est capable de cultiver de quoi survivre dans son jardin (et sans aller chercher ses plants et ses graines dans une jardinerie).
Il est même possible qu’à l’époque, certains ont dit : « Attention, la ressource forestière diminue ». Et d’autres ont répondu : « on trouvera bien de nouvelles forêts et puis des technologies pour remplacer le bois ! »
3. Épilogue de la crise du 14ème siècle
La nature est merveilleuse pour se réguler : plus assez de place et de bois pour nourrir les gens, construire les maisons et les outils et fournir de l’énergie ? Les hommes ne se chargent pas de se réguler ? Mais la nature, elle, le fait, comme avec la peste, qui a « résolu » le problème en cinq ans ! Avec une baisse de 33% de la population, des terres peuvent être abandonnées et les forêts peuvent repousser !
Est-ce que c’est ce que nous voulons vivre à l’échelle mondiale aujourd’hui ? 33% de la population en moins, ça ferait, humm ? … 7 milliards x 0,33 = 2 milliards 300 millions de morts ! Soit les populations cumulées de l’Europe, de l’Amérique du Nord et de la Chine réunies.
Les Européens ont-ils tirés les leçons de cet épisode ?
Non !
- La résolution de la crise a été en partie due aux morts de la peste.
- Pour palier aux manques de ressources, les Européens ont trouvé une super « idée » : l’Amérique ! Un contient totalement vierge à exploiter pour eux…
- Finalement, et paradoxalement, vu d’un lecteur du 21ème siècle, c’est le charbon (celui des mines) qui a sauvé les forêts !
Mais quelques leçon tout de même !
- Dès le Moyen-âge, il y a eu des tentatives de réglementations de la gestion forestière.
- Ce n’est que Colbert (trois siècles après) qui a réussi à éditer des règles durables. Suivi par ses pairs en Europe. Mais ça n’a pas duré.
4. Et aujourd’hui ?
Les ressources énergétiques sont toujours un enjeu majeur et une source potentielle de conflit, on le voit en Irak !
D’ailleurs, quelle a été la 1ère idée des Européens, après la guerre 39-45, pour ne plus se faire la guerre ? Ҫa s’appelait la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (le CECA) et le principe était de partager les ressources naturelles pour ne pas se taper dessus ! Comme quoi… je n’invente rien.
Mais attention, aujourd’hui, nous n’avons pas certains atouts de nos ancêtres du 14ème siècle :
- Le pétrole ne repoussera pas en 40 ans !
- Il n’y a plus de continent vierge à exploiter (il y a bien l’Antarctique, mais on ne va pas y trouver grand-chose !)
Alors, bien sûr, l’Homme a toujours repoussé son horizon, mais la Lune et Mars ne seront pas aussi faciles à coloniser que l’Amérique !
Conclusion
La crise actuelle, comme celle du 14ème siècle, a bien une composante énergétique. Si hier c’était le bois, aujourd’hui, ce sont toutes les ressources qui risquent de nous manquer. De plus, l’exploitation de la forêt européenne au 14ème siècle n’engendrait pas de dérèglement climatique majeur.
Bref, aujourd’hui, c’est encore plus grave qu’il y a 700 ans. Alors, n’attendons pas d’aller dans le mur, il y a plein de moyens d’agir !
(5 commentaires)
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Gwen
21 janvier 2014 à 14 h 25 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Et pour 3 artciles lus, une corde pour se pendre gratuite!
Je suis certain comme toi de l’impact energetique mais j’aime à la relier à la volonté intrinsèque de l’etre humain a faire de l’argent, toujours plus. Les solutions existent, mais il faudrait commencer par sortir des coffres blindés tous les brevets géniaux… Utopie, quand tu nous tiens… En tout cas, merci pour la lecon d’histoire vulgarisée.
admin
22 janvier 2014 à 10 h 47 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Alors reprenons dans l’ordre :
– Plutôt que de se pendre… Battons nous !
– Même sans les brevets géniaux, les solutions sont sous nos yeux, simple et accessibles… Mais elles nécessitent de changer de mode de pensée.
Tom de Dépenser moins
22 janvier 2014 à 22 h 37 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Super, ce parallèle avec le passé. Ça me fait penser à la conférence donnée par Jean Marc Jancovici sur Youtube où il explique bien le lien entre croissance et ressource énergétique. Une chose que nos gouvernants de gauche comme de droite n’ont pas compris. Depuis de Gaulle et l’uranium, notre gestion de l’énergie régresse. Le TGV, cette machine tellement chère à construire et consommatrice, est une des pires idées que nous ayons eu à mon avis (qui a dit Aérotrain ?).
Mais que faire ? nous n’avons pas de solution miracle au 21e siècle. J’ai bien peur que la 3e guerre mondiale et la bombe nucléaire ne soient nos solutions..
Un peu d’éolien et de solaire, ok pour quelques pourcents de notre consommation mais après ? Il faudrait réussir à capter de l’énergie dans l’espace, à améliorer notre efficacité énergétique..
admin
22 janvier 2014 à 22 h 51 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Si ça vous fait penser à Jancovici, c’est que ça s’en inspire, je fait partie des gens qui travail bénévolement pour lui !
Les solution, il n’y en a pas une, mais pleins. Elle sont accessibles et à mener de front (à condition d’en avoir la volonté). Je les explique de manière disséminées à travers ce blog.
k&c
25 janvier 2014 à 22 h 29 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
A l’époque ils avaient quand même un handicap supplémentaire: la religion leur interdisait toute avancée scientifique et les rendait certainement plus fataliste