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Avr 30

Fermer une centrale nucléaire : un casse tête français (partie 1)



Le sujet revient sur la table à chaque élection : faut-il sortir du nucléaire ? Le président Sarkozy avait un avis : il faut le développer, les écologistes disent qu’il faut en sortir, le Président Hollande a annoncer la fermeture de la centrale de Fessenheim durant son mandat. Mais fermer une centrale nucléaire, ça implique quoi ? Peut-on fermer une centrale nucléaire facilement sans réfléchir ?

Centrale nucléaire Cruas-3

La centrale nucléaire de Fessenheim dans le mix électrique Français

 

La Centrale de Fessenheim est sous le feu des projecteurs : Hollande a promis de la fermer durant son mandat. C’est la plus vieille centrale nucléaire français en exploitation et elle atteint sa limite d’âge. Alors, on la ferme ou pas ?

 

Fessenheim, c’est deux réacteurs de 900 MW, soit une puissance installée de 1800 MW et grosso-modo 2.5% de la production électrique en France. 2,5%, c’est rien du tout ? Ou et non, imaginez qu’on diminue de 2,5% votre salaire du jours au lendemain !

 

Durant des décennies, la consommation française d’électricité avait une croissance forte, en cohésion avec la croissance économique, démographie et l’augmentation des usages électriques (arrivée massives du multimédia dans les foyers). depuis quelques années, elle stagne pour plusieurs raisons :

  • La crise économique tend à la faire diminuer.
  • L’efficacité énergétique aussi.
  • La croissance démographique et l’augmentation croissante des usages électriques contrebalancent.

Bref, pour Fermer Fessenheim, il faut compenser 2,5% de la production électrique Française. Mais par quoi ?

 

Facile, on remplace Fessenheim par des énergies renouvelables

 

Centrale hydroélectriqueFacile ? Remplacer 1800 MW avec un facteur de charge* de 80%, on fait comment ?

 

  • Avec des barrages ? Non, le réseau fluvial français est déjà saturé !
  • Avec des éoliennes ? C’est possible, mais, leur facteur de charge est de 25%, il faudra installer 5750 MW d’éoliennes, soit 2300 éoliennes compte tenu de la puissance actuelle d’une éolienne. Le problème c’est que dans le meilleur des cas, il faut 8 ans avant qu’une éolienne ne tourne et on n’installe pas 2300 éoliennes en même temps. Il faudrait donc 15 ans environ. Au niveau du coût ? 8 milliards d’euros. Mais ce n’est pas tout, il faut pouvoir compenser les période où le vent ne souffle pas, grosso modo, il faut ajouter, 1MW de centrales pilotables** pour 4MW d’éoliennes. Bref, il faut avoir environ 1500 MW Parc éolien de Sallende centrales prêtes à fonctionner. La France les a ! Mais c’est du pétrole, du charbon et du gaz… des énergies fossiles.
  • Avec des panneaux solaire ? Je ne vais pas m’étendre, mais outre le facteur de charge qui est encore plus faible que l’éolien (<15%), il faut ajouter le coût d’installation très élevé et la gestion d’une multitude de très petites unités. C’est possible, c’est très cher et cela prend du temps. Enfin, comme pour l’éolien, il faut gérer l’intermittence.
  • Avec du biogaz ? Cela peut être une bonne idée, car les centrales biogaz sont « pilotables ». Cependant, il faut là encore installer entre 500 et 1000 méthaniseurs nouveaux. Cela a un coût, il faut autant de temps que pour l’éolien ET assurer l’approvisionnement en matière organique. Il y a un autre problème avec le biogaz ! C’est justement la gaz… En effet, la France importe la totalité de son gaz. Produir du biogaz pourrait réduire la dépendance de la methaniseurFrance vis à vis du gaz… Mais uniquement si le biogaz remplace du gaz et non du nucléaire.

 

 

 

On peut en dernier lieu imaginer un mix entre l’éolien, le solaire et le biogaz. C’est intelligent, mais cela demande encore du temps et de l’argent.

 

* Le facteur de charge, c’est le rapport entre la production maximum possible et la production réelle, par exemple une centrale de 900 MW avec un facteur de charge de 80% produira dans l’année : 900 MW x 80% x 8760 h (dans une année) =  6 307 200 MWh (on dira 6,3 TWh).

** Une centrale pilotable est une centrale qu’on peut « allumer » et « éteindre » quand on veut (et pas en fonction de la météo).

 

Conclusion

 

En guise de conclusion, on peut dire qu’il est physiquement possible de remplacer une centrale nucléaire par des énergies renouvelables. Cependant, il faut se rendre à l’évidence :  c’est difficile économiquement et que ce n’est pas possible en 5 ans !

D’autre part, on a parler de remplacer UNE centrale nucléaire. En plus une petite ! Que dire s’il fallait remplacer Gravelines ou Palluel dont la puissance dépasse 5 000 MW.

Existe-t-il d’autres solutions pour fermer une centrale nucléaire dans de bonne conditions ?

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