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Nov 18

Je croyais que les éoliennes allaient remplacer le nucléaire ?

 

Au préalable de l’article, attention, il arrive que des groupes anti-éoliens partagent cet article. Je précise que je suis pour un développement massif et plus rapide de l’éolien en France, mais si cela ne remplace pas le nucléaire, cela fait partie de la solution énergétique globale. Ne vous laissez pas berné par des propos simplistes, vous trouverez ici un article (rédigé par moi aussi) sur l’argumentaire des anti-éoliens prsè de chez moi.

 

Voilà bientôt 15 ans qu’on installe des éoliennes partout en France. Finalement, c’est la déception, je croyais qu’elles allaient remplacer les centrales nucléaires… Eh bien rien du tout. Les éoliennes ne serviraient à rien ?

Parc éolien des Vingt Setier - Vol-V

 

Le nucléaire et l’éolien produisent la même chose : de l’électricité !

 

Les éoliennes et les centrales nucléaires ont un point commun, elles produisent de l’électricité qui va sur le réseau RTE. Par conséquent, on pourrait penser que l’une et l’autre sont interchangeables.

Autre point commun, l’éolien et le nucléaire sont des énergies décarbonées, c’est-à-dire qu’elles ne produisent pas de CO2 (enfin un peu quand même, mais indirectement).

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Le nucléaire et l’éolien n’ont pas la même fonction dans le mix électrique.

 

L’énergie nucléaire est une énergie avec des puissances très concentrées, cela permet de faire des centrales de très forte puissance sur des espaces très réduits. Une fois la chaudière nucléaire en route, on peut produire des milliards de kWh sans rien réalimenter.

Le nucléaire est l’exemple type de production dite de base : elle permet d’assurer une production d’électricité de masse en permanence.

 

L’énergie éolienne est une énergie diffuse et intermittente : on la prend par petites touches quand elle est présente. Son utilité, avoir une énergie propre et renouvelable pour remplacer une partie du mix polluant lorsqu’il y a du vent.

 

L’éolien n’est pas un concurrent du nucléaire.

 

Le nucléaire a deux concurrents

 

L’énergie nucléaire est une alternative à deux autres choix énergétiques (autrement dit, il a deux concurrents) :

  • Le premier d’entre eux est celui qui fait aujourd’hui la course en tête : le charbon ! L’énergie est hyper abondante, puissante et pas chère. Le problème : elle pollue énormément. La France, est l’un des rares pays à avoir fait le choix du nucléaire. Nombres d’autres pays développés ont fait le choix du charbon : les États Unis, la Chine et l’Allemagne en tête. Le charbon à l’avantage d’être très flexible et très facile à construire.
  • A l’opposé du charbon, l’autre concurrent des centrales nucléaires s’appelle les économies d’énergie. Aujourd’hui, personne n’a fait ce choix ! Pourtant, c’est un choix efficace, pas cher, non polluant et durable.

 

Centrales éolienne des Gargouilles

L’éolien n’a pas de concurrent…

 

L’éolien n’est pas en concurrence avec une autre mode de production, mais un complément au reste ! En cas de vent, on se retrouve avec une production très propre. Quand il n’y a pas de vent, on repasse sur le mix classique.

L’éolien n’a pas vocation à produire en masse, mais peut tout de même apporter une part non négligeable d’électricité à la fois décarbonée et renouvelable.

 

 

Les coûts de production… ne sont pas le nerf de la guerre !

 

On entend souvent dire : « l’éolien c’est cher » ou à l’inverse, « l’éolien c’est rentable ». Pareil pour le nucléaire… Qui a raison ?

Personne. La question du coût de l’énergie est, d’une part une question de point de vue, d’autre part une question secondaire dans les enjeux énergétiques.

 

Les coûts de production – une question de point de vue !

 

Les coûts de production sont aujourd’hui déclinés ainsi :

  • Hydraulique (barrages) : 2 cts/kWh
  • Nucléaire (ancien) : 5 cts/kWh
  • Gaz : 7 cts/kWh
  • Éolien : 8 cts/kWh
  • Nucléaire (EPR) : 8 cts/kWh
  • Fioul : >15 cts/kWh
  • Solaire : > 20 cts/kWh

Vu comme ça, c’est simple, mais….

  • Les barrages français sont largement amortis car construits en majorité entre 1930 et 1970. Il ne faut donc plus tenir compte du coût de construction dans la vente des kWh, mais seulement de l’entretien. La production, elle, est gratuite, fournie par le courant des rivières.
  • Pour le nucléaire ancienne génération, c’est un peu comme pour les barrages. Le problème, c’est qu’on ne sait pas quel sera le coût du démantèlement. L’uranium n’a quasiment pas d’influence sur le prix.
  • Pour les énergies dites fossiles (pétrole, charbon, gaz), le coût dépend essentiellement de l’approvisionnement (la centrale, elle ne coûte pas très cher). Deux problèmes : si les prix du marché des matières premières flambent, les prix des kWh aussi. Avec la raréfaction et la hausse de la demande, les prix des kWh fossiles ne vont pas baisser. Autre point, si un jour, on s’attaque aux problèmes environnementaux, il y aura un prix sur la tonne de CO2 rejetée, et là, ces énergies ne seront plus compétitives en termes de coût.
  • Pour l’éolien, il va falloir attendre que les centrales aient plus de 15 ans pour voir les coûts diminuer considérablement. Ce n’est pas encore le cas aujourd’hui. Ensuite, ce sera comme pour les barrages.

 

Mais le coût de production n’a pas un intérêt majeur dans les choix énergétiques.

Eoliennes gommerville

Ce n’est pas le prix qui fait l’intérêt !

 

Centrale éolienne PussayEn l’absence actuelle de véritable politique d’économie d’énergie, la croissance est 100% dépendante de la disponibilité de l’énergie.

 

Je m’explique : l’énergie n’est présente que pour 5% des coûts moyens de productions de richesse. Le reste étant partagé entre les salaire et les rentes. Mais avoir la possibilité de consommer 1% de plus d’énergie, c’est souvent synonyme de 1% de croissance. D’où le débats sur les gaz de schistes qui sont cher à extraire mais qui peuvent générer de la croissance.

 

Ainsi, les choix énergétiques sont basés sur des critères très variés dont le prix n’est qu’une partie parmi les autres :

  • Abondance (avantage charbon)
  • Indépendance vis à vis des autres pays (avantage nucléaire)
  • Prix (avantage hydroélectricité)
  • Pollution (avantages renouvelables)
  • Facilité d’usage (avantage pétrole)

 

Par exemple, si on ne s’intéressait qu’au prix, on choisirait 100 % de barrages. Oui, mais les rivières françaises sont déjà équipées ! On ne peut pas faire plus, et les barrages ne font pas avancer les voitures.

L’éolien et le nucléaire n’ont pas du tout le même rôle dans le mix énergétique Français. Les éoliennes qui poussent dans nos champs sont nécessaires à la transition énergétique mais ce n’est pas elles qui vont remplacer le nucléaire.

 

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(10 commentaires)

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  1. PH

    Enfin du bon sens, dans un monde décarboné, il faut installer la même puissance éolienne que la puissance hydraulique des barrages, en France l’optimum éolien est à 10 GW.

    1. admin

      Si je suis d’accord sur un optimum de l’éolien, je le vois un peu au dessus de 10 GW. D’abord parce que la capacité hydroélectrique est à 19 GW actuellement, ce qui permet de monter l’éolien à au moins autant. Si on tient compte aussi de la présence déjà existante en appoint de centrales à énergies fossiles, on devrait pouvoir mettre 48 GW d’éolien. Mais admettons qu’on veuille éliminer ces énergies, elle ne peuvent plus venir combler l’intermittence de l’éolien, on doit devrait redescendre à 19 GW.

      MAIS, si on imagine que le futur proche permettra une meilleur gestion temps réel du réseaux (SMART grid) + des solutions efficaces de stockage court terme + des prévision météo suffisamment fiable pour prévenir les productions d’éolien et de solaire. A cela, il faut ajouter que les régimes de vents (et les machines en mer) sont tels en France qu’on peut imaginer que 10% de la puissance éolienne installé est considérée comme fiable et stable. Alors on peut facilement imaginer un optimum entre 30 et 45 GW. Installés.

      Bien sûr ça continue de ne pas remplacer le nucléaire. Mais ce choix là implique bien d’autres biais.

  2. Estivela

    Bonjour
    Sur la partie coûts de production il me semble que pour certaines énergies il y a 1 zéro de trop…ou alors c’est que l’unité de comparaison n’est pas le kWh. Concernant le solaire le chiffre annoncé me semble être une moyenne peu significative vu l’évolution rapide des coûts de revient. Exemple: mon installation en 2008 avait un coût de revient du kWH de 32 cts. Mon complément de 2013 de 9,8 cts donc à parité avec le kWh que me livre aujourd’hui EDF.

    1. admin

      Comment calculez vous le prix de reviens de votre installation solaire ?
      Faîtes bien attention de ne pas calculer le prix après subvention ! Pour faire le prix de reviens, vous devez faire le calcul suivant :
      – Prix d’achat du panneau et de ses accessoires.
      – Prix de pose.
      – Prix d’entretien et de maintenance.
      – Dotation aux amortissement (si la durée prévue est de 25 ans, il faut mettre 4% du coût de départ dans la maintenance chaque année).
      – Ne surtout pas oublier le taux d’actualisation !

      Par ailleurs, EDF vous livre un courant incluant le prix de revient de production, mais aussi le transport et le service !

      Quoi qu’il en soit, 9,8 cts/kWh solaire photovoltaïque chez un particulier, je n’y crois pas. Je trouve en général entre 17cts dans le sud et 25sts dans le Nord en 2014 avec une cible entre 0,10 et 0,15 en 2020.

      Par contre, là où vous avez tout à fait raiosn, c’est que j’ai mis les coût de reviens en €/MWh et les unités en centimes/kWh. Je corrige cela tout de suite.

      1. Estivela

        Comme vous je trouve des statistiques diverses et variées sur le web à des prix supérieurs à ceux que j’ai indiqués. C’est tout le problème des statistiques qui par effet de lissage et de moyenne et sur la base d’hypothèses financières différentes conduisent à des résultats différents. Mon calcul n’est donc pas une hypothèse mais une réalité à l’instant T. Ayant entièrement financé l’installation sur fonds propres et ayant moi-même réalisé la pose, les frais sont évidemment réduits. L’amortissement est calculé sur 20 ans (garantie du fabricant). Tout cela est présenté sur mon blog sans aucune ambiguïté. (EDF fait également des calculs probabilistes lorsqu’il sort son coût de revient). Que ces modes de calcul mènent à un quasi-doublement de mon coût de revient actuel, je veux bien l’admettre. Il n’en reste pas moins tangible que mon coût de revient actuel est conforme à ce qui est indiqué.

        1. admin

          En tous les cas, les renouvelables ne sont pas hors de prix par rapport aux autres énergies. Et l’éolien reste la moins cher d’entre elle.

  3. Hervé

    Article intéressant. En effet, les éoliennes ne remplaceront jamais le nucléaire. Pourtant, j’avoue que j’en ai rêvé depuis mon adolescence : quand Tchernobyl a explosé, j’ai classé l’électricité nucléaire au rang de « Mal absolu ». Maintenant, je vois bien que le charbon est autant une saloperie que le nucléaire. Polluer notre atmosphère ou avoir des déchets ingérables pendant des siècles, ce n’est pas mieux. Donc on pourrait rêver que les éoliennes remplacent non seulement les centrales nucléaires mais aussi les centrales à charbon ! On n’en prend vraiment pas le chemin. Et pour couronner le tout, je parie que dès 2017 nous aurons nous aussi des exploitations de gaz de schiste en France. Bref, l’avenir s’annonce radieux. Bon courage, les enfants ! Il vous en faudra pour gérer notre héritage de pollution.

    1. PH

      Les déchets sont gérables et gérés. En revanche, l’ignorance et le mensonge n’ont pas limites chez les antinucléaires.

      1. Hervé Renault

        Allez dire ça aux habitants de Tchernobyl ou de Fukushima.

        1. PH

          Parfaitement ! : à Tchernobyl et Fukushima, ce n’est pas un problème de déchets nucléaires, mais des accidents. L’expérience d’un site de stockage nucléaire, c’est au Gabon à Oklo.

          Tchernobyl, c’est une réserve naturelle, aujourd’hui et à Fukushima la population a reçu une dose négligeable de radiation de l’ordre du millisievert, même la CRIIRAD donne cette valeur.

          On ne peut pas comparer le confinement du RBMK de Tchernobyl et celui des REB de Fukushima au confinement de nos réacteurs.

          Les antinucléaires nagent dans les amalgames, pour eux Tchernobyl, Fukushima, Hiroshima et nos centrales, c’est pareil. De même Asse=Gorleben. Nucléaire civil = nucléaire miliatire, etc…

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