Dans l’article précédant, j’ai présenté des scénarios poursuivant la tendance actuelle d’accroissement des besoins énergétiques. Aucun d’entre eux n’est soutenable ! Ni économiquement, ni techniquement, ni écologiquement. Il y a donc l’impérieux nécessité de réaliser des gains d’efficacité.
1. Réaliser des gain d’efficacité énergétique
Si la tendance actuelle n’est pas soutenable, il faut donc faire des efforts sur les économies d’énergie, c’est ce qu’on appelle l’efficacité énergétique de l’économie.
Réaliser des gains d’efficacité est une idée souvent mise en avant, notamment dans l’occident suite au premier choc pétrolier de 1973. Mais méfions nous, réaliser des gains d’efficacité n’a rien de simple. Avec la crise du pétrole en 1973 et voyant la facture pétrolière augmenter considérablement, les pays occidentaux se sont lancés dans des efforts considérables d’efficacité énergétique :
- Premières normes d’isolation.
- Baisse des consommations des voitures
- Baisse des besoins énergétiques des industries
- Retour des transports en communs (délaissés dans les 30 glorieuses)
En parallèle, c’est aussi à cette période que les programmes nucléaires sont sortis de terre. Cet effort considérable c’est traduit par… une amélioration seulement de 30% du nombre de kWh nécessaire pour un dollar de PIB.
Aujourd’hui, les pays occidentaux ont stagné sur le sujet et les pays émergents n’ont pas encore fait ces efforts. Il va donc falloir convaincre du monde.
De plus, il y a un « hold up » dans cette histoire : pour consommer moins d’énergie, les pays occidentaux ont massivement transféré leurs usines les plus énergivores dans les pays du tiers monde. En réalité, depuis 40 ans il n’y a pas eu de réelle avancée sur l’efficacité énergétique. Cet effort est donc devant nous à plus ou moins grande échelle.
2. Faire le même effort que les pays occidentaux depuis 1973
Commençons donc en douceur : un effort de 30% d’efficacité sur 40 ans (effort occidental entre 1973 et 2013). On conserve l’idée de diviser par trois la consommation des énergies fossiles.
Les gains d’efficacité sont en rose en haut. Malgré ces gains, il faut encore augmenter la production d’énergie. Toujours avec un effort considérables sur les énergies renouvelables (10%/an), l’immense majorité de la croissance énergétique doit être réalisée sur le nucléaire (7.5%/ an de croissance).
Ce scénario est tout à fait possible dès lors qu’on accepter la construction de 8000 nouveaux réacteurs nucléaires dans le monde (une moyenne de 200 par an).
3. Stopper notre consommation au niveau actuel pour sortir des énergies fossiles
Dans le scénario qui précède, nous constatons qu’un effort mesuré sur l’efficacité implique une forte augmentation de l’énergie nucléaire.
Poussons l’effort d’efficacité énergétique plus loin : on stoppe notre consommation au niveau actuel. Dans la réalité l’exercice risque d’être difficile quand 3 milliards d’hommes veulent atteindre le modèle occidental.
Stopper la consommation mondiale au niveau actuel implique que les pays occidentaux doivent entamer très vite une décroissance drastique de leurs besoins en énergie pour que les pays émergents puissent se développer !
On constate que le gain d’efficacité devient alors une priorité absolue ! Puis qu’il représente désormais plus de 50% de la solution.
Ce scénario est le premier qu’on pourrait qualifier d’écologiquement correct. En effet :
- La majorité de l’effort provient des économies d’énergie.
- Viennent ensuite les énergies renouvelables.
Malgré tout, ce scénario implique encore une croissance de l’énergie nucléaire de 3%/an. C’est à dire tout de même la construction de 1600 réacteurs en 40 ans.
4. Stopper notre consommation au niveau actuel pour sortir du nucléaire
C’est bien, mais le nucléaire, c’est dangereux et il faudrait en sortir. Regardons ce que donne une sortie graduée du nucléaire en faisant le même effort d’efficacité énergétique.
Ce scénario est lui aussi une voie envisageable, néanmoins, il implique de ne plus diviser par trois la consommation d’énergies fossiles mais seulement par deux. Certes, c’est une diminution, mais elle est insuffisante par rapport aux buts recherchés en termes de pollution et de réchauffement climatique.
5. Sortir du nucléaire ET des énergies fossiles
Dernier niveau de réflexion, peut on sortir du nucléaire tout en divisant par 3 la consommation d’énergies fossiles ? Avec Excel ? Oui !
Ce scénario est un scénario idéal, dans les grandes lignes il ressemble à un scénario de type Négawatt.
L’implication majeure vient des économies d’énergies, il ne s’agit plus de stopper notre consommation, mais bien de la réduire dès aujourd’hui ! Avec cet effort sur les économies d’énergie, cela permet aux énergies renouvelables d’avoir la part belle dans le mix énergétique de demain.
Mieux, ce scénario permet une sortie de crise de l’énergie au milieu du siècle permettant une nouvelle croissance de l’énergie basée sur les renouvelables. Mais je doute fort que les hommes soient prêt à faire autant de sacrifices sur l’efficacité énergétique.
Conclusion
Si on souhaite réduire notre dépendance aux énergies fossiles et au nucléaire, il ne faut pas croire que les énergies renouvelables sont l’unique solution. La plus grosse pierre à apporter à l’édifice viendra des économies d’énergies. Mais concrètement, économies d’énergie, c’est quoi ? Actuellement, la consommation d’énergie provient :
- à 40% des bâtiments
- à 30% des transports
- à 25 % de l’industrie
- à 5% de l’agriculture
Aussi les économies d’énergie se sera :
- Tous les bâtiments Basse consommation
- Transports en communs prioritaires + véhicules individuels sous les 2L/100km
- Pur l’industrie et l’agriculture, les besoins seront difficilement compressibles. A moins qu’on cesse de manger de la viande.
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