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Fév 18

Le diagnostic performance énergétique : un outil… Pas très efficace !


Les vendeurs de biens immobiliers le connaissent bien, il fait parti des diagnostics obligatoires avant la vente d’un logement. Pour beaucoup d’entre eux, c’est une corvée, avec l’amiante, les normes électriques…

Et pour l’acheteur, est-ce un bon indicateur et un outil fiable ?

diagnostic-dpe

1. Le diagnostic performance énergétique (DPE), c’est quoi ?

C’est tout simplement le passage d’un expert agréé pour calculer la qualité thermique (ainsi que les émissions de gaz à effet de serre) dans votre logement.

Comment l’expert procède-t-il ?

1.1. Etape 1 DPE : La visite des lieux

L’expert vient chez vous et inspecte différents points clefs du logement :

Évidemment, il ne voit pas à travers les matériaux, il doit donc aussi s’entretenir avec le propriétaire.

 

1.2. Étape 1 bis DPE : l’entretien avec le propriétaire

Afin de compléter les données manquantes à la visite, le diagnostiqueur posera quelques questions au propriétaire et lui demandera éventuellement quelques documents :

Mais il arrive bien souvent que le propriétaire soit le nième propriétaire des lieux et n’ait aucune idée de certaines données.

1.3. Étape 1 ter DPE : le pif !

Les données manquantes après la visite et les questions… Sont à l’appréciation du diagnostiqueur. Peut-être qu’il aura la chance de flairer ce qui se cache derrière le mur, peut-être que non.

1.4. Étape 2 DPE : le calcul de la consommation théorique

Les données recueillies (et imaginées pour les manquantes) sont ensuite intégrées dans un logiciel de calcul thermique.

Ce logiciel prend en compte des températures que personne n’utilise : 19°C le jour et 16°C la nuit. Normalement, on devrait tous faire ça, mais la réalité est toute autre.

Le calcul sort ensuite un résultat en kWhep/an/m² ? Ce terme étant barbare pour le grand public, il est ensuite reporté sur une échelle allant de A à G.

DPE

Comme ici, j’aime bien expliquer les choses, voici un peu plus de précision :

  • kWh : dire kilowattheure, est l’unité de mesure de l’énergie.
  • KWhep : le petit « ep » indique énergie primaire. En effet, quand vous consommer de l’électricité, il a fallu la produire dans une centrale avec un rendement de moins de 40%, puis la transporter jusqu’à chez vous avec quelques pertes. Au bout du compte, quand vous voyez 1kWh au compteur, EDF a dû en moyenne en consommer 2,58 dans ses centrales ! Pour le gaz, le fioul ou le bois, vu que vous le brûlez directement chez vous, le KWhep est assez proche de Kwh normal.
  • Le tout est ramené à l’année et au m² habitable pour pouvoir comparer les logements.

1.5. Étape 3 : le calcul des gaz à effet de serre

Une fois que le calcul de la consommation d’énergie est fait, il s’agit ensuite de faire le calcul des émissions de gaz à effet de serre.

Là, c’est plus simple et plus fiable, il suffit de regarder les différentes sources énergétiques du logement :

  • Charbon (il n’y a plus personne qui se chauffe au charbon, mais allons-y) : 384 g de CO2/kWh.
  • Fioul : 300 g/kWh
  • Gaz : 234 g/kWh
  • Electricité (mix Français Nucléaire/Hydraulique) : 56 g/kWh. Attention il faut repasser en KWhep soit 145 g/kWhep !
  • Bois : Rien si l’arbre brûlé a été replanté.

DPE

2. Les avantages du DPE

Le Diagnostic performance énergétique a le mérite d’exister, c’est un premier pas et le mérite d’être un peu pédagogique pour tout le monde.

Et je n’irai pas au-delà.

3. Les inconvénients du DPE

A mon sens, le DPE pose beaucoup de problèmes.

3.1. La fiabilité du résultat

En regardant déjà les étapes d’établissement du DPE au 1er paragraphe, on voit déjà apparaître des approximations :

  • Il est difficile en général d’analyser ce qui se trouve caché dans les murs (et ailleurs).

  • Même avec des données sur la construction, il est difficile de savoir si le constructeur a respecté le cahier des charges. Je ne donnerais qu’un exemple, une personne de ma famille a fait construire en 2006 selon les normes de la RT 2005. Si un diagnostiqueur vient, il donnera les chiffres de la norme. Mais en faisant différents travaux (modification de VMC, agrandissement, mise en place d’une cheminée), cette personne s’est aperçue que le constructeur avait « oublié » la laine de verre, dans beaucoup d’endroits !

Différentes études ont été menées sur la fiabilité du DPE (ADEME, UFC que Choisir, Négawatt…). Il en ressort que la marge d’erreur est très forte :

  • Généralement, la consommation des logements standards est sous-estimée.

  • Mais le gros problème vient du fait que les logements performants sont méconnus des diagnostiqueurs et sont eux très surestimés (parfois 300% selon Négawatt).

equipement-econome-energie

3.2. La compétence des diagnostiqueurs DPE

En rendant obligatoire le DPE, l’état a créé un effet d’aubaine. De nombreux « entrepreneurs » (je mets les guillemets car ce mot est trop noble pour ces gens là) peu sérieux, pas forcément compétents dans le domaine, mais ayant avant tout un flair très développé en terme de cupidité se sont engouffrés dans la brèche.

 

Étant donné que peu de propriétaire ont aussi des compétences dans le domaine, il est facile de les berner. D’autre part, un clientélisme s’est aussi mis en place envers les gros promoteurs désireux de « verdir » des opérations pas très écolos.

Évidemment comme dans tout métier, il y a des gens honnêtes et compétant, qui pâtissent de la malhonnêteté de leurs confrères.

3.3. Le DPE en main, qu’est-ce qu’on fait ?

Le DPE indique la « performance » énergétique du logement, mais… Pas ce qu’il faut faire pour l’améliorer, ni le but à atteindre, ni les travaux les plus efficaces économiquement…

Bref, le DPE n’est :

  • Ni une étude thermique.
  • Ni une étude de faisabilité pour des travaux futurs.

3.4. Énergie ? Ou Gaz à effet de serre ?

La double échelle énergie/gaz a effet de serre ne contribue pas à une lecture facile des résultats du DPE.

En effet, on peut avoir un résultat contradictoire. Par exemple :

  • Un logement chauffé au fioul assez bien isolé pourra avoir une consommation de 100 kWhep/an/m² donc en classe C, mais sera à 38 kg CO2/an/m² pour les gaz à effet de serre donc en classe E.
  • A l’inverse un logement tout électrique mal isolé pourra être au-delà de 150 kWhep/an/m² donc en classe D, mais il sera aussi en classe D pour les gaz à effet de serre.

Comment fait-on ?

 

3.5. De l’argent mal dépensé.

L’argent que mettent les propriétaires pour faire des DPE (100 à 200 €) na quasiment pas d’utilité.

Une vraie étude thermique coûte 10 fois plus, mais elle conduit à des résultats chiffrés et des objectifs de travaux. En faisant ensuite les travaux les mieux ciblés, le propriétaire peu avoir un retour sur investissement (travaux + étude thermique rapide).

Conclusion

 

Le DPE c’est comme les ampoules basse consommation : c’est aussi spectaculaire qu’inefficace. Mais… c’est obligatoire !


(5 commentaires)

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  1. Gwen

    Salut Quentin,
    tout a fait d’accord avec toi… J’avais lu un article (désolé je ne sais plus où) qui mettait en valeur 2 choses: l’inadéquation entre DPE et logement très performants et la fluctuation facile sur 3 lettres pour le diagnostique d’un même logement par des « experts » différents…
    Enocre du temps et de l’argent jetés par les triples-vitrages.

  2. Thör

    Très bien cet article, il met clairement les mots sur ce que je pensais un peu plus confusément.

  3. k&c

    Dans mon quartier il y a un groupe d’immeuble construit récemment label BBC avec panneau solaire sur le toit et prix de vente neuf réhaussé de 30 à 50% du fait de sa « basse consommation ».
    Or hier on a vu une annonce d’un studio à vendre dans ces immeubles: il est classé D… comme notre maison ou notre ancien immeuble construits à la fin des années 80

    Publicité mensongère à la vente ou mauvais diagnostique?…

  4. Virginie

    Merci pour cet article hyper détaillé.
    Franchement le DPE m’a toujours laissé un peu perplexe…
    Je trouve ça carrément obscure.
    Et je me rends encore plus compte depuis que je me suis mise en recherche d’un appartement.
    Certaines annonces n’affichent pas ce diagnostic. Du coup, on peut se dire que les propriétaires n’osent pas le communiquer.
    Ca part d’une bonne intention au départ, mais finalement je me demande si c’est pas devenu un peu bancal…

    1. admin

      Récemment le DPE s’est un peu améliorer, les conditions demandées pour devenir diagnostiqueur se sont durcies. Cela a écrémer un peu les déchets. Mais il faut continuer de faire attention. Seul un véritable Audit permet de savoir l’état réel des logement. Cela coûte au moins 600 €.

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