Quand je n’écris pas des articles, j’aime bien lire. Et comme je m’intéresse à la rénovation thermique des bâtiments, j’ai lu pour vous le rapport du Shift Project sur la rénovation thermique des bâtiments.
1. The Shift Project – Qu’est ce que c’est ?
The Shift Project est un think tank. Ne tapez pas « think tank » dans un logiciel de traduction automatique, vous allez trouver : « réservoir de pensée ». Si cela peut évoquer quelque chose en Québecois, c’est un peu barbare en France.
Bref, c’est un groupe de réflexion qui dont le but est de « réfléchir » (Lapalissade) aux solutions d’un avenir du monde décarboné*.
*C’est à dire un monde qui n’émet pas de CO2.
Comment ça fonctionne ? On réuni des spécialistes en la matière, de préférence de très haut niveau et ils essayent d’imaginer les solutions mais aussi les voies pour y arriver. Ils consignent le tout dans des rapports, notamment celui que je vais pour présenter.
2. Rapport sur la rénovation thermique des bâtiments
Nous faisons tous ce constat aujourd’hui, les bâtiments consomment beaucoup trop d’énergie (surtout pour le chauffage). Aujourd’hui, techniquement, il est tout à fait faisable de faire des logements très basse consommation (comme les maison passives).
Le problème :
- Il y a 30 Millions de logements en France.
- Il faut plusieurs milliers (dizaines de milliers) d’euros pour rénover chaque logement.
- Il faut former les artisans à la rénovation thermique.
En résumé, nous sommes des alpinistes, nous connaissons notre Everest, mais nous sommes dans la vallée en short devant le Décathlon du coin.
Le rapport est téléchargeable ici : tsp_-_gt_renovation_thermique_du_batiment_v3_1
2.1. Attirer l’attention des décideurs
Le but premier de ce rapport est d’attirer l’attention des décideurs.
Évidemment, même si vous comme moi, nous pouvons faire un peu avancer le schmilblick notre petite échelle. Seul un engagement fort de la part du législateur pourra permettre une évolution globale et tangible de la consommation énergétique des bâtiments.
2.2. Six propositions pour une rénovation totale du parc en 2050
Le rapport se résume en 6 propositions :
Proposition 1 :2013 – 2050 : Rénovation du parc existant par échéances de mise en conformité progressive.
Avec 30 Millions de logements, du collectif, de l’individuel, du très vieux, du moins vieux, du bas de gamme, du haut de gamme… comment faire pour être efficace ? Par où commencer ?
En premier lieu, le rapport préconise de recenser les performances énergétique de tous les bâtiments.
Ensuite la mise en conformité doit commencer par les bâtiments les moins performants (classe G) puis au fur et à mesure des années chaque classe d’énergie doit faire sa mise en conformité. Le rapport préconise d’aller directement directement à des haute performance sans passer par des seuils intermédiaires. En effet cela impliquerait de refaire plusieurs cessions de travaux avec un coût final supérieur.
Afin de simplifier le travail, il est préconisé de ne pas refaire des calculs complexes sur chaque logement, mais de mettre en œuvre une solution technique de référence qui s’applique de manière répétitive dans tous les logements.
Le rapport met en avant la grande difficulté de mise en œuvre d’une rénovation thermique complète dans les logements collectifs en copropriété. Il préconise la mise ne place d’un fond commun de travaux afin de permettre le financement de la rénovation des parties collectives.
Proposition 2 : Actualiser la Réglementation Thermique des bâtiments existants afin d’imposer des rénovations thermiques efficaces.
Proposition 3 : Réaffecter les financements publics.
Les aides sont aujourd’hui des usines à gaz. De plus elle ne ciblent pas forcément les travaux les plus efficaces, ni les ménages les plus précaires.
Le rapport indique que les aides doivent aller prioritairement :
- Au x ménages les plus modestes.
- Aux bâtiments les plus énergivores
- Aux travaux les plus efficaces du point de vue thermique.
Un fond de garantie doit être mis en place pour faciliter l’accès aux travaux via l’emprunt.
Proposition 4 : Structurer l’offre et adapter la filière professionnelle
Actuellement, lors de travaux de rénovation, le critère énergétique est rarement pris en compte.
De plus, les professionnels (artisans) sont peu formés, peu sensibilisés et peu structurés pour réaliser des travaux de rénovation thermiques efficaces.
Le rapport propose de mettre en place :
- Un « réflexe énergétique » afin que chaque rénovation s’accompagne d’un volet thermique.
- Des groupements d’artisans afin que tous les corps de métiers soient impliqués.
- Des bouquets de travaux prédéfinis.
- Des plans de formation.
- Des contrôles aléatoires sur les travaux réalisés.
Proposition 5 : Accompagner les ménages
C’est à dire, les sensibiliser au problème. Mais aussi mettre en place des guichets d’information fiables. Enfin accompagner financièrement les ménages les plus précaires.
Proposition 6 : Doter le pays d’outils de mesure, de statistique et d’étude
Sans quoi il sera impossible de contrôler l’efficacité des outils mis en place.
2.3. Le scénario The Shift Project et son étude économique
Le Shift Project a réalisé une simulation sur la base de ces propositions et les a comparé à un scénario de référence poursuivant le tendance actuelle.
Ce scénario permet de diviser par deux les besoins énergétiques des logements, contre une légère baisse si on poursuit la tendance actuelle.
D’un point de vue économique, si les travaux de rénovation auront un coût non négligeable, les économies d’énergies cumulées sur le long terme permettent de les rentabiliser vers 2030.
Conclusion
Si le législateur prend le problème à bras le corps assez rapidement, il est possible de rénover thermiquement tout le parc de logements français en une quarantaine d’année.
Le point positif, c’est que le coût des travaux sera largement rentabilisé par les économies d’énergies. De plus le mise en place de tels dispositifs aurait des répercutions positives en termes d’emploi et de balance commerciale.
(4 commentaires)
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k&c
7 septembre 2013 à 0 h 17 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
La rénovattion thermique c’est certainement ce qui mettra à genou la majorité des copropriétés qui actuellement peinne tout juste à se maintenir en l’état.
L’obligation de rénovation des ascenseurs n’est même pas achevé partout et s’est souvent traduit par la suspension de ce service.
L’état devra probablement finir par imposer les nouvelles normes thermiques mais la majorité des ménages n’étant pas solvable (où ayant un budget de passoire) cela conduira à des faillites de copropriété encore plus nombreuses (qui à terme conduit à une destruction du batiment) et un plus gros problème de logement.
Il faut penser qu’il a fallu plus de 50 ans pour que les logements soient équipés de WC et salles de bain pourtant moins cher.
Si les nouvelles normes thermiques ne sont pas imposés, seuls les logements neufs et une minorité d’ancien seront aux normes. La hausse du prix de l’énergie se traduira pas des foyers qui ne se chauffent plus (c’est déjà parfois le cas aujourd’hui) et ont 2°C dans leur appartement l’hivers – mais c’est toujours mieux que d’être à la rue
admin
9 septembre 2013 à 11 h 19 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
D’où la nécessité d’une réponse forte, graduée, cohérente et coordonnée de la part du législateur.
Gwen
9 septembre 2013 à 11 h 20 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Assez d’accord avec toi k&c…
Concernant la proposition 6, elle est plus importante qu’on le pense. BBQ ce week-end et discussion avec un entrepreneur du batiment (genre à ne pas tiré les prix) et un architecte « maison individuelle ». Le premier disait que le monomur c’était de la daube, ou pour etre precis qu’il etait en général tellement mal monté qu’il valait mieux s’en passer. Le 2eme racontait qu’avec les maçons serbes, pas de pb car à la base, ils sont tous… menuisiers et donc savent faire la différence entre un joint de qq mm et un « gros-paté-pont-thermique ».
Tout cela pour dire que forcer une réno thermique, oui, mais penser à vérifier que ca sert; le cas échéant, il faut pouvoir se retourner contre quelqu’un… on n’est pas sorti de l’auberge…
admin
13 septembre 2013 à 14 h 56 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Nous avons effectivement une montagne devant nous. Pas d’artisans formés, pas de sensibilisation du public, pas d’outils statistiques, pas de politique claire et long terme. Et 30 millions de logement à rénover. Il y a du boulot.
Le pire, c’est que 30 millions de logements à rénover, c’est :
– Des emplois.
– De la croissance : 750 000 rénovations/an à 25k€/an, c’est un point de PIB pendant 40 ans. Faudrait p’têt le dire à Hollande, je crois qu’il cherche de la croissance.
– Un rééquilibrage partiel de la balance commerciale de la France.
Je m’explique sur le 3ème point, le bâtiment, c’est en gros un quart de la consommation d’énergie en France, si on divise ses besoins par 3 ou 4, on a fait une bonne partie du travail de transition énergétique ! sachant que une bonne moitié de l’énergie consommée dans les bâtiments vient du gaz (pas français) ou du fioul (pas français non plus), il y a ici une économie directe sur les importations d’hydrocarbures. A cela, il faut ajouter la partie électrique. On pourrait croire que ça n’a pas d’impact, évidemment si l’uranium n’est pas français, il pèse peu dans les importation et l’hydro-électricité elle est française. Donc baisser ces besoins pourrait être neutre sur la balance commerciale. Mais ce n’est pas le cas, car baisser les besoins électriques des bâtiments peut permettre de dégager de la production électrique décarbonnée pour l’automobile. Et la hop, on remplace du pétrole !
Quoi qu’il en soit, j’ai créé ce site justement pour informer le quidam lambda sur les avantages de la rénovation thermique.