Poursuivant sa hausse régulière, le prix du kWh d’électricité progresse de 5% en 2013 et 5% prévus en 2014. Un scandale pour certaines associations de consommateurs, pas assez selon EDF et la Commission de Régulation de énergie (le CRE). Qui croire ? Pourquoi cette augmentation ? Quelles conséquences ?
Regardons d’abords ce qui fait le prix de l’électricité :
- Le coût de production
- Le coût de transport
- Les taxes
1. Le coût de production de l’électricité
Les coûts de productions de l’électricité dépendent de trois choses :
- L’investissement de départ = prix de la centrale.
- Le remboursement de la dette.
- L’approvisionnement en matière premières.
Selon les types de Centrales et leur âge, les trois points sont très inégaux :
- Les centrales thermiques à flamme (fioul, charbon, gaz), demandent un investissement de départ modéré (autrement dit, la construction de la centrale ne coûte pas cher). Par contre, il faut les alimenter en « carburant », hors les prix sont élevés et volatils. En fait, l’essentiel du prix du kWh vient de l’approvisionnement sur les Centrales thermiques à Flamme.
- Pour les centrales nucléaires, l’investissement de départ est monstrueux. Par contre, le « carburant », c’est-à-dire l’uranium n’est consommé qu’en très faibles quantités pour produire beaucoup de kWh, le prix du kWh Nucléaire provient donc plus de la construction de la centrale.
- Enfin, pour les énergies comme l’éolien ou le solaire, l’approvisionnement est gratuit ! il n’y a donc plus que le prix de la centrale.
Concernant le remboursement de la dette, il est assez facile de comprendre que tant que la banque n’est pas remboursée, le kWh revient plus cher qu’après. Par conséquents, les Centrales « jeunes » produisent un kWh plus cher.
2. Le coût du transport de l’électricité
A première vue, transporter l’électricité est simple : un fil conducteur et hop en quelques milliseconde, l’électricité est de l’autre côté de la planète.
Oui ! Mais :
- Le cuivre coûte très cher !
- Il y a des pertes dans le transport. Pour les limiter, il faut monter la tension (d’où les lignes très haute tension), il faut don faire des postes de transformation, etc.
- Enfin, l’électricité ne se stocke pas. Aussi, en permanence, on doit avoir exactement production = consommation ! Cela se gère ou niveau des centrales, mais aussi au niveau du réseau.
Le problème, c’est que le réseau actuel, est :
- Saturé : par la hausse de la consommation d’électricité.
- Vieillissant : il a été mis en service en même temps que les grandes unités de production après la guerre et jusque dans les années 70-80.
Le réseau va donc devoir subir d’importantes modifications dans les années à venir afin d’une part de le rénover, mais aussi de l’informatiser pour le rendre plus intelligent et donc plus efficace.
3. Les taxes.
C’est un autre sujet que je n’aborderai pas ici.
4. Les raisons de la hausse des prix du kWh électrique.
Voyons tous les facteurs qui pourraient expliquer la hausse des prix de l’électricité :
- Le prix des combustibles fossiles : en France, 5 à 10 % (selon les années) de l’électricité est produite à partir de gaz, de pétrole et de charbon. La hausse incessante des prix des énergies fossile entre donc pour partie en ligne de compte dans la hausse.
- Le renforcement de la sécurité des centrales nucléaires : Les centrales nucléaires françaises sont amorties ou presque, aussi, le kWh nucléaire actuel est au plus bas. Mais, il y a plusieurs problèmes : après l’accident de Fukushima, il faut faire des investissements de sécurité. D’autre part, plusieurs centrales arrivent à leur date théorique de fin de vie : soit, il faut les démanteler et cela coûte cher (sans produire le moins kWh) et en construire d’autre qui coûtent encore plus cher. Soit les faut les prolonger et cela coûte cher pour maintenir les éléments vieillissants en état.
- Il faut trouver de nouvelles façons de produire : Si on veut moins de nucléaire parce que c’est dangereux et que ça fait des déchets, mais aussi moins d’énergie fossile parce que ça pollue et que c’est trop cher, il faut construire de nouvelles façons de produire. Aujourd’hui, c’est l’éolien, demain, ce sera le solaire et la biomasse. Mais là aussi, il faut faire d’importants investissements.
- Enfin, il reste le renforcement du réseau de transport et de distribution de l’électricité qui demande aussi des investissements.
Conclusion
La hausse du prix du kWh électrique n’est pas un tour de passe-passe de l’état main dans la main avec les grands patrons pour nous spolier, mais une réalité économique et écologique incontournable.
(4 commentaires)
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Julien
26 septembre 2013 à 10 h 38 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Entièrement d’accord avec toi!
Je dirai même que l’augmentation des prix est à mon avis en grosse partie du à la transition énergétique. Comme EDF est entrain d’acheter des nouvelles centrales plus propres, cette investissement a un coût…
admin
27 septembre 2013 à 10 h 58 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
Pour ma part, je ne pense pas que la transition énergétique soit le facteur majeur de l’augmentation des prix de l’énergie.
A mon avis :
Responsable n°1, le prix des hydrocarbures : il augmente à cause de leur raréfaction, des tension internationales et de l’arrivée des pays émergeant sur le marché.
Responsable n°2, le vieillissement des infrastructures existantes : centrales, réseaux…
Le besoin d’investissement n’est que la conséquence des ces deux choses, le choix d’investissement écologiquement acceptables est lui la conséquences des problèmes de pollutions.
PH
2 octobre 2013 à 21 h 18 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
L’augmentation du prix du kWh est due :
1) au déploiement inutile du photovoltaïque (surcoût total 60 milliards d’euros)
2) à l’entretien du parc EDF (investissement 50 milliards d’euros)
3) aux modifications mineures post Fukushima (10 milliards d’euros)
admin
3 octobre 2013 à 10 h 13 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire
La question est un peu plus complexe, mais pas totalement dénuée de sens.
En premier lieu, il y a un biais en France qu’il ne faut pas négliger : le tarif est « régulé », c’est à dire que EDF ne fait pas payer son prix de revien + une marge, mais il fait payer ce que l’état lui impose. Mais il y a tout de même un boucle de décision via la commission de régulation de l’énergie : le CRE, qui propose un prix à l’état. De plus, EDF, c’est l’état pour une grande partie, donc l’état n’a pas intérêt à ce qu’EDF vende à perte. Bref, ce biais, s’il est avantageux pour le consommateur, brouille les pistes.
Il va donc falloir dissocier deux choses :
– La part de l’augmentation due au tarif régulé.
– La part de l’augmentation due au marché libre de l’électricité.
Regardons ce qui contribue à l’augmentation du tarif régulé :
Je rejoint PH (je précise au passage que PH, à tord ou à raison (le lecteur jugera sur son blog), est partisan de construire 19 réacteur EPR en France dans les prochaines années) sur le fait que la majeure partir de la hausse du tarif régulée, vient de l’aberrante façon dont est fait le déploiement du photovoltaïque en France (lisez aussi mon article ).
Nous payons tous la rente photovoltaïque de quelques uns dans la CSPE (Contribution au service publique de l’électricité). Attention, certains assimilent CSPE uniquement au paiement des énergies renouvelables. Elle est en fait divisée en trois : La péréquation tarifaire (pour que celui qui habite un fin fond du limousin paye la même chose que le voisin de la centrale de Palluel), les contrats de cogénération, et les énergies renouvelables.
En 4 ans, la hausse de la CSPE représente un centime par kWh sur votre facture. Soit une hausse de 8% (ou 2% par an). Le solaire qui ne représentait quasiment rien en 2009, représente aujourd’hui presque la moitié de la CSPE et 100% de la hausse sur 4 ans.
Bref, sur 5% d’augmentation, 2% vient du photovoltaïque.
On peut s’interroger sur l’opportunité de cela… En effet, le solaire est une énergie renouvelable, mais le photovoltaïque n’est pas si propre (s’il est fabriquer en Chine notamment) ni si efficace (surtout dans le nord du pays) ! Bref, je suis moins catégorique que PH, mais tout de même mitigé sur le sujet.
Autre aspect que la hausse du tarif régulé : les dépenses d’investissement et d’entretien, en premier lieu le réseau et les centrales qui vieillissent.
Maintenant, regardons aussi du côté du tarif du marché libre de l’électricité.
Ce n’est pas ce qui fait le prix en France, mais une partie tout de même !
Et là… C’est la loi de l’offre et de la demande qui règne. Et, je cite Jancovici : « c’est le prix du pétrole qui fait le prix de toutes les autres énergies ». En effet, si on suit la loi de l’offre et de la demande, quand il y a hausse de la demande énergétique mondiale, cela entraine une tension sur la production de pétrole (1ère énergie consommée dans le monde). Mais alors quel est le rapport avec l’électricité ? Le pétrole ne sert que marginalement à produire de l’électricité ! Oui, mais quand le pétrole monte, certains consommateurs se pose la question de changer d’énergie en passant du pétrole vers le gaz, ou l’électricité principalement. Ainsi il se met à y avoir une tension sur les autres marchés de l’énergie dont celui de l’électricité.
Quand il y a tension sur le marché de l’électricité, ce n’est pas les centrales nucléaires, à charbon et les barrages (électricité la moins chère) qu’on allume, car ils servent déjà. On allume… des centrales à gaz ou à… pétrole ! Plus chère ET soumises au fluctuations du prix du pétrole.
Bref, la hausse pour le français de base :
– Les panneaux photovoltaïque.
– Les investissement.
– La hausse du pétrole.