Quel avenir pour les prix de l’énergie ? Partie 1 : le nucléaire

Lorsqu’on se lance dans des travaux de rénovation de son habitat, les coûts sont importants, il faut donc s’assurer du retour sur investissement sur le long terme. Ce retour sur investissement est directement lié aux économies sur la facture d’énergie. Il faut essayer d’estimer les prix de l’énergie sur une période importante. En effet, si des travaux se financent à prix de l’énergie constant et que finalement il y a une baisse, le coût ne sera pas amorti. A l’inverse si les prix augmentent, l’amortissement sera plus rapide.

Dans cet article, nous allons donc essayer d’analyser comment les coûts de l’énergie pourraient évoluer dans le futur..

1.     Qu’entend-on par « énergie »

Ici, nous nous intéresserons surtout aux sources d’énergies utilisées dans la construction. Il n’en demeure pas moins que l’énergie est un vaste domaine. En effet, il existe plusieurs sources primaires :

• Pétrole, charbon et gaz, appelés énergies fossiles
• Nucléaire
• Renouvelables : solaire, hydraulique, biomasse, éolien, géothermie…

Ensuite, il y a différentes manières d’utiliser l’énergie :

• Pour se déplacer
• Pour se chauffer
• Pour s’éclairer
• Pour beaucoup d’autres applications (ordinateur, électroménager…)

Et l’électricité dans tout ça ?

C’est un intermédiaire entre les sources primaires et l’utilisation. En effet, pour produire l’électricité, il faut une source primaire.

En ce qui concerne la rénovation de l’habitat, les utilisations concernées sont essentiellement, le chauffage, l’eau chaude, la ventilation et dans une moindre mesure l’éclairage. L’électroménager est un peu à part car il dépend plus souvent des appareils qu’on achète que du logement.

Qu’elles sont les factures visées par l’amélioration de l’habitat :

• La facture d’électricité (en général EDF).
• La facture de gaz s’il y en a (gaz de ville et bouteilles).
• La facture de fioul s’il y en a.

Il faut donc regarder les prix de toutes sources primaires et le prix éventuel de leur conversion nécessaire pour les rendre utilisables.

Qu’entend-on par conversion ?

Par exemple entre le gaz et le chauffage, il y a 2 types de conversions possibles :

• Soit via une centrale électrique au gaz, qui produit de l’électricité, qui est acheminée aux foyers puis est retransformée en chaleur dans un radiateur électrique.
• Soit via l’acheminement direct du gaz dans les foyers : il est converti en chaleur dans une chaudière.

Le prix de cette conversion n’est pas à négliger. Par exemple, l’uranium n’est pas pour beaucoup dans le prix de l’électricité nucléaire. Par contre, la construction, l’utilisation, la maintenance et le démantèlement de la centrale sont très chers.

2.     Évolution attendue du prix de l’énergie nucléaire

Actuellement, l’énergie nucléaire n’est pas chère pour plusieurs raisons :

• Les centrales ont été construites il y a 25 à 30 ans en moyenne et sont aujourd’hui amorties.
• Leur âge moyen actuel implique que, si elles sont amorties, elles n’ont pas encore eu (pour la plupart) à subir de grosses maintenances et rénovations.
• Les coûts de recherche et développement ont été largement financés par l’impôt et par les consommateurs.
• L’uranium n’est pas très cher.
• Les coûts de démantèlement des centrales ont été sous-évalués.

Et demain ?

Quoiqu’il en soit, l’accident de Fukushima a démontré des failles de sécurité qu’il faudra corriger à grand frais sur les centrales actuelles et intégrer dans la construction des centrales à venir. Quels que soient les scénarios futurs d’utilisation du nucléaire, Fukushima entraînera une hausse des coûts.

Pour le nucléaire, il faut imaginer plusieurs scénarios :

• Sortie rapide, c’est-à-dire sur 20 ans.
• Sortie lente sur 40 à 50 ans.
• Maintien de la production actuelle via l’augmentation de la durée de vie des vieilles centrales.
• Maintien de la production actuelle en fermant les anciennes centrales pour en construire des neuves.
• Augmentation de la production en maintenant les anciennes centrales et en construisant des neuves.

2.1.          Évolution des prix avec une sortie rapide du nucléaire

Une sortie rapide du nucléaire implique :

• La fermeture et le démantèlement des centrales actuelles : coût élevé.
• La mise en service rapide de nouveaux moyens de production en remplacement, renouvelables et non renouvelables (les deux seraient nécessaires pour palier au manque d’énergie) : coût élevé.

Dans ce scénario, les prix de l’énergie s’envoleraient.

2.2.          Évolution des prix avec une sortie lente du nucléaire

Une sortie lente est moins brutale :

• Fermeture progressive des centrales : coûts élevés mais étalés dans le temps.
• Remplacement progressif par des énergies renouvelables : coûts élevés. Sont aussi possibles des économies d’énergie : coûts élevés au départ mais amortis sur le long terme.

Dans ces cas de figure, les prix de l’énergie grimperaient assez vite mais sans choc brutal.

2.3.          Évolution des prix avec prolongement des centrales actuelles

On peut imaginer maintenir une forte production nucléaire avec les centrales actuelles à moyen terme (en effet, si on peut les prolonger, elles ne tiendront pas 100 ans) !

Ce scénario implique de réaliser les maintenances nécessaires pour prolonger et sécuriser les centrales : coût élevé.

Dans ce cas de figure, les prix de l’énergie monteraient vite.

2.4.          Évolution des prix avec construction de centrales nouvelles juste pour remplacer les anciennes

Si les maintenances, coûtent cher, pourquoi ne pas construire des centrales neuves ? Voici les implications :

• Démantèlement des centrales actuelles : coût élevé.
• Construction de nouvelles centrales : coût très élevé. On constate sur la construction des réacteurs EPR que les coûts s’envolent. On sait déjà que l’électricité qui sortira de Flamanville sera plus chère que celle qui sort des éoliennes !

Dans ce scénario, les prix de l’énergie s’envoleraient.

2.5.          Évolution des prix avec construction de centrales nouvelles et prolongement des anciennes

Ce scénario cumule les inconvénients évoqués dans les deux paragraphes/points précédents, ce qui implique que les prix s’envoleraient.

Conclusion sur le nucléaire

Quels que soient les scénarios, les prix de l’électricité d’origine nucléaire devraient augmenter vite et durablement ! Dans un prochain article, nous nous intéresserons au prix des énergies fossiles.

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